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le reflux des vents vers le haut, maladie connue & appelée du nom grec anadrome.

Cette dernière indisposition est très-familière aux hypocondriaques. Les personnes les plus sujettes à ces maladies sont celles qui ont le tempérament phlegmatique & pituiteux, qui ont le tissu du corp lâche & spongieux ; les enfans, les vieillards, les cachectiques, les hypocondriaques, les vaporeux, les femmes nerveuses ; celles enfin qui ont éprouvé de grandes pertes, qui sont abattues par des peines & de grands chagrins, ou affaiblies par des maladies longues, & qui ont déjà éprouvé de légères attaques d’apoplexie fausse, ou de paralysie. Dans ce nombre on doit encore y comprendre les mélancoliques, les atrabilaires, les bilieux, les gens de lettres, ceux qui ont l’esprit vif & pénétrant, qui suivent avec trop d’ardeur l’attrait des sciences, qui passent les nuits à l’étude des matières sèches & abstraites, qui se livrent avec excès aux plaisirs de l’amour, ceux enfin qui ont l’esprit agité de quelque violente passion, comme la colère, la crainte, la terreur, &c.

L’usage des alimens visqueux, tenaces, remplis d’une grande quantité d’air, & susceptibles d’une corruption prompte & soudaine, occasionnent encore les différentes maladies venteuses dont nous avons donné l’énumération. Il faut y ajouter les viandes séchées & fumées, les fèves, les pois, les châtaignes, tous les fruits, les herbes potagères & tous les légumes ; le laitage, tout ce qui est doux, gras, ou huileux, les fritures, le poisson de mer, salé, le pain chaud, les gâteaux, les vins blancs qui n’ont point fermenté.

Il faut convenir néanmoins que les hommes fort & bien portans sont pour l’ordinaire à l’abri de ces maladies, à moins qu’ils n’ayent trop mangé, ou trop bu des vins en fermentation, qui contiennent beaucoup d’air élastique, ce qui prouve, comme l’observe très-bien Buchan, que la matière des vents réside dans les alimens. Et la cause qui fait que l’air s’en dégage en assez grande quantité pour produire des douleurs, est presque toujours un vice des intestins eux-mêmes, qui sont trop foibles, soit pour empêcher l’air élastique de se dégager, soit pour expulser les vents, quand une fois ils sont formés.

On peut conclure de ce qui vient d’être dit, que les remèdes propres à combattre les différentes affections produites par les vents, sont les stomachiques & carminatifs, qui agissent de deux manières sur les organes de la digestion, en augmentant le ton des fibres des viscères devenus trop foibles pour exécuter leurs fonctions, & en opérant le relâchement de celles qui éprouvent un resserrement spasmodique ; on doit souvent associer ces remèdes aux purgatifs dont le choix dépend principalement de la qualité acide ou alkaline des sucs qui embourbent les premières voies. Les carminatifs les plus usités sont, les feuilles d’ambroisie, d’aurone, de cerfeuil ; les racines d’angélique, de valériane, de gentiane & d’aulnée : parmi les fleurs, celles d’oranger, de sauge, de romarin donné en infusion. Parmi les fruits, les baies de genévrier, de laurier, les cloux de