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si ce n’est qu’ils n’ont que dix pieds. On en a trouvé dans la substance du poumon, dans celle du foie, dans les ventricules du cœur, dans le sang même. Rodius, Riolens, Ettmuller en ont vu sortir par les saignées. Les vers qui s’engendrent dans le sang, ont leur corps figuré comme une feuille de myrthe, & tout parsemé de filamens semblables à ceux qu’on remarque sur les feuilles naissantes des arbres : ils ont sur la tête une espèce d’évent, comme en ont les baleines, par lequel ils rejettent le sang dont ils se sont gorgés. Il est encore prouvé qu’on en a trouvé dans la vessie & les reins. Un médecin d’Amsterdam, dont parle Tulpius en rendit douze en urinant. Louis Duret, au rapport d’Ambroise Paré, en jeta de semblables, par les urines, après une longue maladie. Enfin, il y en a dans les ulcères, dans les tumeurs, dans les grains de la petite vérole, & sous la peau entre cuir & chair.

Les lombricaux sont l’espèce qui caractérise le plus les fièvres vermineuses. Le ténia, & les ascarides ne s’y compliquent guère que par hazard. Les tricarides dont l’existance est aujourd’hui très-connue par Linæus, & plusieurs autres naturalistes, sont ordinairement logés dans les intestins cæcum & colon.

Linæus a prétendu qu’on trouvoit dans la terre & dans les eaux, les mêmes espèces de vers, que dans le corps humain ; que les lumbricaux, étoient les mêmes que les lumbrici terrestres, & qu’on retrouvoit le ténia dans l’eau. Cette assertion ne nous paroît pas prouvée, quoique le célèbre Rozen ait été de son avis, & dise dans son excellent traité sur les maladies des enfans, que le ténia est un ver qu’on trouve dans les poissons, & qu’il reste encore vivant après qu’il sont cuits, d’où il conclut qu’on peut en avaler des morceaux qui l’engendreront dans les intestins. Valisneri en a prouvé la différence d’après la dissection des vers de terre.

Les signes qui peuvent nous faire soupçonner la présence des vers, dans l’estomac & dans les intestins, sont les enflures du bas-ventre avec tension & douleur vague ou fixe ; des nausées, des vomissemens, des anxiétés, des défaillances, des douleurs à la racine des dents, une toux sèche & vive ; un pouls inégal, obscur, petit, & intermittent, la respiration fréquente, le hoquet qui vient d’un état convulsif de l’œsophage ; les déjections grisâtres qui peuvent dépendre ou de l’altération de la bile, ou de ce qu’elle ne coule pas, ou d’une abondance des matières muqueuses dans les premières voies. Le prurit du nez, est un signe qui, selon Piquer, n’est ni direct, ni universel ; il peut dépendre d’une hémorrhagie imminente, qui peut être un signe de vers, quoique le plus souvent elle vienne d’une autre cause. (Lorsque l’hémorrhagie est symptôme des vers, le malade ne perd ordinairement que quelques gouttes de sang).

Le blanc des yeux terni est encore un signe de vers. Fizes, médecin de la plus grande réputation, acquit beaucoup de célébrité pour avoir connu à ce signe qu’une épidémie qui régna à Marseille étoit vermineuse. La fièvre qui accompagne la présence des vers, croît sans ordre, & a des accès très-fré-