Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/621

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

testins ; le lieu qu’ils occupent est toujours rempli d’humeur glaireuse, glutineuse & bilieuse, dans laquelle ils nagent ; la membrane interne de l’intestin est plus ou moins enflammée, vidée & plissée dans cette endroit. La présence de ces paquets de vers dans l’estomac occasionne une forte distension, alors les intestins sont plus ou moins rétrécis ; on a observé un effet contraire lorsqu’ils étoient logés dans ces derniers viscères ; toutes les entrailles sont plus ou moins enflammées, les tuniques veloutées, plus ou moins plissées & épaisses ; elles sont toujours fortement humectées de sucs visqueux, brunâtres, rougeâtres & fœtides ; les vaisseaux sanguins sont très-gorgés & farcis de sang noir & épais ; les reins sont souvent très-volumineux & très-flasques, les vaisseaux lactés très-fins & en partie oblitérés ; le canal torachique est plus petit, ses parois plus rapprochés de son axe, la liqueur qu’il charie est plutôt sanguinolente que laiteuse, & toujours plus fluide qu’à l’ordinaire. Les strongles ne perforent guère que les intestins grêles du cochon ; ses viscères en sont quelquefois si criblés qu’il est impossible aux charcutiers de faire usage des intestins.

Des ascarides

Les ascarides sont de petits vers cylindriques qui ressemblent à une aiguille à coudre ordinaire, tant par leur grosseur que par leur longueur ; ils paroissent être des diminutifs des strongles ; néanmoins leur tête & leur queue ne sont pas absolument les mêmes, cette dernière, présentant trois petits mamelons à son extrémité, avec lesquels on peut présumer qu’ils se portent en avant ; la tête nous a paru avoir un petit suçoir court & rond & deux petits yeux au-dessus ; le corps est cerclé d’une quantité d’anneaux qui diminuent de grosseur à mesure qu’ils approchent de la queue ; ces anneaux sont très-près-à-près ; le corps de cet insecte paroît noir, marbré, & porter ça & là quelques poils sur sa superficie ; sa longueur est de six à dix-huit lignes ; plus il est petit, plus sa couleur est rembrunie, sur-tout dans le cheval ; dans le chien, il est plus rouge & moins opaque.

Tous les animaux sont sujets à cette sorte de vers ; le chien est presque le seul dans l’estomac duquel on les trouve en paquets de la grosseur d’une noix ou d’un œuf ; ils sont si étroitement & si intimement enlassés & entassés dans cette poche, qu’ils semblent ne pouvoir se dégager, & qu’ils ne peuvent sortir que par le vomissement ; ceux qui quittent prise sont entraînés dans le canal intestinal, & sortent vivans ou morts avec les matières fécales ; quelques-uns de ces paquets en contiennent jusqu’à deux cents & plus.

Ils sont rarement disposés ainsi dans le cheval, & sont plus généralement répandus dans le canal intestinal, & notamment dans les gros intestins. Le cochon, le mouton, & les bêtes à cornes en renferment toujours moins que le cheval, l’âne & le mulet.