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ARTICLE PREMIER.

Signes de l’existence des ascarides.

Le seul symptôme auquel on reconnoît dans le cheval, l’âne & le mulet, l’existence des ascarides, est leur présence dans la fiente ou dans le sphincter de l’anus dont ils dépassent l’ouverture de la moitié de leur corps ; ces animaux en sont toujours plus ou moins attaqués ; mais ils ne font un véritable ravage que lorsqu’ils sont joints aux œstres, aux strongles, aux crinons & souvent au ténia ; alors mêmes désordres, & par conséquent mêmes symptômes que ceux dont nous avons fait mention ; (art. III.) ils occupent de préférence les intestins, & y sont fortement implantés dans l’épaisseur de la tunique veloutée, par les serres dont leur tête est armée. On ne les en détache que difficilement, & leur multitude est quelquefois si considérable qu’ils sont innombrables ; on en trouve souvent de mêlés avec la fiente, mais plus particulièrement dans celle qui avoisine la membrane du viscère.

Article II.

Effets des ascarides dans les chiens.

Il n’en est pas de même des effets de ces vers dans les chiens ; nous en avons vu qui en vomissoient des paquets de la grosseur d’un œuf de poule, enlacés de manière qu’ils étoient très-difficiles à débrouiller sans les rompre ; ils suscitoient des convulsions plus ou moins fortes, des attaques de vertige & d’épilepsie dont le coma étoit la suite ; la gueule étoit pleine de bave, l’animal mâchoit fréquemment, grattoit ses joues avec les pattes, les yeux étoient très-animés, larmoyans & chassieux, le fond de la gueule, surtout le dessous de la langue, étoit garnie d’hydatides semblables à celles qui sont la suite d’aboiemens forcés ; les animaux dépérissoient sensiblement & finissoient dans la consomption, ou mouroient dans les accès de vertige, connus dans les chenilles, sous le nom de rage mue ; ceux chez lesquels la maladie traînoit en longueur, exhaloient une odeur cadavéreuse, leurs excrémens étoient une sanie putride, leurs urines étoient huileuses, jaunâtres & d’une odeur infecte.

L’ouverture des cadavres démontroit une infiltration & une décomposition plus ou moins grande ; la matière contenue dans les intestins, étoit composé en plus grande partie de vers pourris, dissous ; l’estomac en renfermoit de vivans qui l’avoient enflammé & gangréné ; il étoit piqué & ulcéré dans une infinité d’endroits ; il en étoit de même de la membrane interne des intestins qui en recéloit également de vivans.

Des crinons.

Les crinons ou dragoneaux, que nous nommons ainsi à cause de leur ressemblance avec ceux qui naissent sous la peau des enfans qu’ils précipitent dans le marasme, sont extrêmement grêles, déliés & filiformes : un crin blanc, coupé à quelque distance de son extrémité, laisse dans la partie tronquée, vu à l’œil nu,