Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/624

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

a lumbago ; le poil est terne & piqué, la chaleur extérieure du corps est quelquefois sèche, & d’autrefois éteinte ; l’animal est toujours couché, très-paresseux, altéré dans les momens où la chaleur du corps est la plus forte ; le pouls est très-fébricitant, petit, ondulent, très-accéléré ; lorsque la peau est froide, il est extrêmement foible & presque effacé.

Si la nature est assez forte pour faire un effort, & opérer une crise qui consiste dans l’expulsion de ces insectes, on les voit sortir de toutes parts par les pores de la peau, par les yeux, les oreilles, les naseaux & l’anus ; l’animal est alors beaucoup moins mal ; les forces se raniment un peu ; ils ne sortent pas tous les jours dans le commencement de la crise, il se passe des intervalles de quarante-huit à soixante heures sans que l’animal en fournisse ; plus les remèdes sont efficaces, plus les forces sont ranimées, plus ils sortent régulièrement, c’est alors que l’animal en dépose dans sa couverture ou sur le lieu où il est couché, des quantités incroyables ; on les voit sur le bord des paupières & de tous les émonctoires ; ils sont, à leur sortie de l’animal, morts, blancs, maigres, & en partie desséchés.

Le cheval n’en fournit pas à proportion davantage que le chien ; mais dans le premier, la crise paroît plus longue & moins interrompue ; l’intérieur de la couverture est chargée de ces insectes, l’étrille, la brosse & même le bouchon en ramassent également des quantités prodigieuses ; ils ressemblent à de la grosse poussière, & ce n’est qu’en les examinant de près qu’on les distingue & qu’on les reconnaît. La crise une fois établie, les symptômes de santé se montrent promptement ; mais il est fréquent de voir les animaux succomber sous le poids de cette maladie, à moins que la cause de l’évolution de ces insectes ne soit épizootique ; alors prévenu d’avance de leur existence & de leurs effets, on peut secourir les malades avant les accidens que font naître ces insectes, & qui conduisent l’animal à la mort.

Les chevaux sont beaucoup plus sujets aux crinons & aux dragoneaux que les chiens ; mais ceux-ci sont plus fréquemment la victime des ascarides, & notre expérience nous a mis à même de voir vingt chiens affectés de ces vers, sur un affecté de crinons ou dragoneaux.

Les tégumens & l’anus du cheval sont les seuls endroits qui permettent l’émission de ces vers, ou du moins nous n’avons jamais eu occasion de les voir s’échapper par d’autres parties ; ils sont légèrement plus alongés que ceux du chien, mais tout aussi blancs & tout aussi flétris ; ce n’est qu’avant la crise qu’ils sortent vivans avec les matières fécales qui en fournissent quelquefois ; on les voit encore au bord de l’anus, leurs mouvemens sont d’autant plus forts & plus rapides que la crise est plus éloignée & que l’animal est plus malade, en sorte qu’il semble que la disposition des sucs qui donnent lieu à la vigueur & à la santé de ces êtres meurtriers, détruit le ressort & l’action vitale des parties de l’animal dans lequel il se sont développés.