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Article II.

Désordres produits par les crinons.

L’ouverture des cadavres des animaux morts à la suite de ces insectes, présente à-peu-près les mêmes désordres que ceux que nous avons remarqué précédemment ; (section IV) tous les viscères sont plus ou moins relâchés, les glandes lymphatiques plus ou moins gorgées, on voit ces vers sur toute la surface extérieure de ces viscères.

On en a vu une grande quantité dans les bronches, lors de certaines épizooties ; les poumons des moutons y sont infiniment sujets dans les maladies qu’ils éprouvent après ou pendant des saisons humides.

Nous avons trouvé à l’ouverture d’un cheval morveux, une tumeur de la grosseur d’une noix dans l’épaisseur des membranes de l’estomac ; l’intérieur de cette tumeur étoit formé d’un très-grand nombre de cellules remplies d’une matière suppurée, jaunâtre & assez fluide ; les parois de ces cellules étoient criblés de petites ouvertures qui contenoient chacune trois à quatre crinons, plusieurs autres nageoient dans l’humeur suppurée.

Le sang du cheval paroît si analogue à ces sortes de vers, que sur cent que l’on ouvre, (n’importe de quelle maladie ils soient morts, & quand même ils auroient fini le mort violente) il est très-rare de n’en pas trouver dans tous ; au surplus, quelque lieu qu’ils occupent, on ne les apperçoit qu’en y faisant la plus grande attention ; parce qu’ils sont très-fins, & toujours de la couleur des sucs dont il se sont nourris.

SECTION V.

Des douves.

Les douves, sang-sues, limaces, ou fasciola hepatica de Linæus, sont des vers minces, applatis, ovulaires ; ils ressemblent à une raie en mignature ; leur couleur est d’un vert obscur, quelquefois blafarde, mais rarement rougeâtre ; leur longueur est de cinq à six lignes sur quatre à cinq de largeur.

Les canaux biliaires ou excréteurs du foie, sont leur seule & unique demeure ; on les trouve rarement dans les canaux cystiques, & plus rarement encore dans les intestins grêles & dans la caillette, où sans doute ils sont portés accidentellement & contre leur gré, à moins qu’ils ne soient en très-grand nombre dans la vésicule du fiel ; mais alors tous les filtres du foie, les canaux cystiques, la caillette & les intestins en sont également remplis.

Les moutons & les bêtes à cornes ont paru jusqu’à présent les plus exposés à ces vers dans la santé parfaite ; le veau & l’agneau en ont rarement ; nous les avons vu plusieurs fois dans les vaisseaux biliaires du foie du cheval, & nous n’en avons jamais rencontré dans ceux du chien & du cochon.

Article premier.

Effets des douves dans les moutons.

Les douves, sang-sues, limaces, paroissent toutes aussi habituelles aux moutons, que les crinons & les œstres le sont aux chevaux ; nous les regarderions volontiers les uns & les autres