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comme héréditaires à chacune de ces espèces d’animaux ; nous ne savons pas si la vigogne & le lama en sont affectés généralement ; ceux de ces animaux exotiques, qui ont été disséqués par M. Henon, professeur d’anatomie, en avoient un assez grand nombre ; quoiqu’il en soit, tant que les douves sont en petite quantité, elles ne paroissent pas plus dangereuses aux moutons, que les crinons & les œstres ne le sont au cheval, lorsque ceux-ci sont également en petit nombre ; mais lorsque les douves sont très-multipliées, & qu’elles ont pénétré & rempli les canaux biliaires, elles produisent dans ce viscère des hydatides, des squirres ; elles le tuméfient de toutes parts & en font un corps qui, bien loin de participer a la vie, y est étranger & devient la source d’une infinité de maladies, particulièrement de la pourriture & de la consomption ; l’animal dépérit assez vite, la laine tombe comme dans l’alopécie & la gale, la conjonctive est blanche, flasque & lavée, les forces abandonnent le malade, & il périt dans l’étisie ; tous les viscères sont plus ou moins infiltrés & inondés de parties aqueuses ; la vésicule du fiel, les canaux cystiques & hépato-cystiques, le duodénum, en contiennent plus ou moins, ainsi que la caillette dans laquelle on en a trouvé quelquefois.

SECTION VI.

Du ténia.

Le ténia ou vers solitaire qui afflige fréquemment l’espèce humaine, se trouve aussi dans les animaux ; il est rarement seul ; il existe en plus ou moins grand nombre dans les intestins grêles qu’il habite le plus fréquemment ; la forme est aplatie, rubanée, dentelée sur les bords ; il est plus ou moins long, mais toujours très-mince ; ses dimensions varient encore, suivant les espèces d’animaux qui le logent : le cheval nous en a fournis qui avoient un pouce de largeur ; le bœuf en renferme plus rarement d’aussi large ; ceux du mouton sont très-étroits ; ceux du chien le sont quelquefois plus & d’autres fois moins ; la largeur de ces vers, dans ces animaux, est en général d’une à quatre lignes ; les dentelures qui sont sur les côtés de ces insectes, marquent leurs articulations, elles sont plus ou moins éloignées, ou moins près-à-près ; la longueur de ses anneaux, dont ils semblent formés, n’est pas en proportion de la largeur du ver ; de très-larges sont brièvement articulés ; d’autres plus étroits ont des anneaux dont la longueur varie de quatre lignes à un pouce ; plus les articulations sont près les unes des autres, plus les dentelures sont marquées & saillantes ; plus les articulations sont éloignées, plus le ver est irrégulier dans ses dimensions. Ceux en qui les anneaux ont plus de longueur, ont été nommés cucurbitins, attendu que chaque anneau de cette chaîne a la forme d’une graine de citrouille.

Sur le bord, chaque anneau est un petit bouton fait en forme de houpe, qui se continue dans le corps du ver par une ligne noire, mais qui disparoît en partie dans certains vers, lorsqu’il ont resté dans l’esprit-de-vin ; ces boutons sont dans le milieu des anneaux dans les vers cucurbitins, tantôt sur un bord, tantôt sur l’autre ; dans d’autres plus brièvement articu-