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mètre ; ils étoient répandus indistinctement dans tout le canal intestinal ; ils avoient un pouce de largeur dans la partie la plus évasée ; & dans les gros animaux, nous le répétons, ils ont toujours paru mêlés avec d’autres vers ; les chevaux attaqués du ténia le sont ordinairement des œstres, des strongles, des ascarides & des crinons ; le bœuf & le mouton qui en renferment, contiennent aussi des strongles, des douves, &c. &c.

On a vu des moutons affectés de maladies épizootiques, qui n’avoient pour cause que de très-longs ténia dans le canal intestinal, & des œstres dans les sinus frontaux ; les viscères étoient sains, à l’exception d’une légère tuméfaction & d’une forte inflammation dans les membranes intestinale & pituitaire.

Nous avons vu dans le chien des ténia attaqués par d’autres petits vers très-fins & très-déliés, & qui tenoient le milieu entre le crinon & l’ascaride ; ils étoient fortement attachés au ténia, & paroissoient vivre à les dépens. Le ténia a sans doute un ennemi comme nombre d’insectes, mais pourra-t-on savoir s’il lui est aussi funeste qu’il l’est lui-même aux animaux qu’il dévore, ou s’il lui est seulement incommode, ou si enfin les inquiétudes qu’il lui cause sont ou peuvent être la source des troubles qu’il produit dans sa demeure vivante ; quoiqu’il en soit, les désordres que le ténia opère dans le corps des grands animaux, sont absolument les mêmes que ceux produits par les autres vers.

SECTION VII.

De l’origine des vers.

L’origine des vers, dans le corps des animaux, est un mystère qui, vraisemblablement, nous restera long-temps caché ; des expériences heureuses bien suivies, bien constatées, ou des analogies sûres, lèveront peut-être un jour le voile qui nous dérobe la métamorphose de chacun de ces insectes ; ce qu’ils étoient avant leur évolution dans le corps des animaux ; s’ils y ont été déposes en larves, en nymphes ou en graine ; la durée de leur vie ; s’ils se multiplient par eux-mêmes sans le secours de semence nouvelle ; si lorsqu’ils ont acquis un certain degré d’accroissement & de force, ils sortent de leur hôte, pour se métamorphoser de nouveau, & enfin ce qu’ils deviennent après cette métamorphose. Ces vérités seroient aussi curieuses qu’intéressantes ; on ne peut, en effet, éviter ou combattre avec avantage & succès, si on ne les connoît parfaitement.

On a reconnu le mâle & la femelle dans les strongles ; ils se multiplient par accouplement dans le corps de l’homme & dans celui des brutes ; on a pensé que ces vers ne se métamorphosoient point, & qu’ils restoient pendant le cours de leur vie ce qu’on les voyoit. Nous avons cru observer qu’ils acqueroient un volume plus ou moins gros, & que les animaux qui les portoient les rendoient alors avec plus de facilité que lorsqu’ils étoient petits ; le volume de douze à quinze pouces de longueur, sur un trente-cinquième de diamètre, a