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d’œstres ; ce viscère a été dépecé en plusieurs morceaux d’un pouce, à un pouce & demi en tout sens, & chacun de ces morceaux portoit cinq à six œstres ; ce même cheval avoit aussi beaucoup de strongles dans les intestins grêles ; ces insectes, ainsi que les précédens, étoient très-vivans & très-vigoureux.

Un autre cheval, âgé de neuf ans, étoit, à peu de chose près, dans le cas du précédent ; il avoit de plus la gale & un ulcère très-malin sur le quartier de dedans d’un des pieds de devant ; ce cheval contenoit beaucoup d’œstres dans son estomac, beaucoup de strongles & de crinons dans les intestins.

Un troisième cheval, âgé de six ans, extrêmement foible, ayant été sujet aux coliques, étoit dans le marasme & avoit une espèce de faim canine ; il avoit de plus un ulcère cacoëthe dans l’intérieur du pied, & qui étoit la suite d’un clou de rue qui avoit résisté à tous les efforts des maréchaux ; ce cheval étoit farci de vers, les œstres étoient contenus en grande quantité dans l’estomac, il y en avoit beaucoup de répandus sur la surface extérieure des entrailles, ce que nous n’avions pas encore vu ; il y avoit dans les intestins, avec une quantité incroyable de crinons & d’ascarides, plus de deux cents strongles, entrelacés & noués en forme de cordes.

Un quatrième cheval, affecté de la morve & dans le plus mauvais état, quoique très-jeune encore, a été tué & ouvert, nous avons trouvé dans son estomac un très-grand nombre d’œstres qui y avoient établi des ulcères très-profonds ; on a trouvé de plus des strongles & des crinons, & entre autres un ténia d’une vivacité & d’une mobilité surprenante ; son corps avoit dans sa contraction trois pouces de longueur sur un pouce & demi de large, & dans son expansion il avoit quinze à dix-huit pouces de long, sur six à sept lignes de large ; c’est ce même ver dont nous avons déja parlé, qui, se repliant sur lui-même, appliquoit avec tant de force ses suçoirs sur une partie de son corps, qu’on n’avoit pu lui faire lâcher prise, qu’en le plongeant dans l’eau tiède ; on a cru remarquer dans cet animal des symptômes d’une fureur marquée.

Seconde Expérience.

Tous les différens vers dont nom venons de parler, ont été submergés dans des bocaux séparés, par diverses substances tirées des trois règnes. Nous allons rendre compte de leurs différens effets.

L’eau commune nous ayant paru absolument indifférente à ces animaux dangereux, elle nous a servi de terme de comparaison pour pouvoir apprécier toutes ces substances, dont l’effet ne seroit pas plus marqué.

Règne végétal.

Les substances tirées de ce règne, qui jusqu’ici ont passé pour des anthelmintiques puissans, & qui cependant nous ont paru n’avoir pas plus de prise sur les vers que l’eau simple, sont les décoctions de tabago, de mélisse, de menthe, d’éclaire, de persil, de rue, d’anaglis ; les infusions des plantes amères & aromatiques les plus fortes, & les plus odorantes, telles que l’absinthe, la sauge, la lavande, la sabine, la tanésie, la fougère ; ils n’y sont morts