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ture, a eu pendant huit jours, tous les matins, un demi-gros d’huile empyreumatique ; les premières doses de ce remède l’ont fatigué, il s’y est habitué ensuite.

Cet animal a peu survécu à l’usage de ce remède, & sa mort paroît due à sa foiblesse primitive, à la maigreur & à la débilité que causoit la maladie dont il souffroit depuis longtemps.

Le foie étoit dans le plus mauvais état ; les vaisseaux biliaires très-racornis, ce qui prouvoit qu’il avoit été très-mal traité par les douves qui devoient y être en très-grand nombre, ainsi qu’il arrive dans ces sortes de cas ; on en a cependant trouvé neuf en parties dissoutes, cinq vivantes, dont quatre très-foibles qui donnoient à peine signe de vie.

Neuvième Expérience.

Un autre mouton, dans le cas du précédent, a reçu le même remède ; mais comme il se rétablissoit & se fortifioit à vue d’œil, on l’a conservé, & il vit encore jouissant de la meilleure santé, ce qu’il n’avoit pas fait avant le traitement.

On peut conclure des expériences précédentes, que de toutes les substances, à l’activité desquelles nous avons exposé les vers qui vivent dans les animaux, l’huile empyreumatique est celle qui agit sur eux d’une manière plus sûre, plus marquée, & qu’elle les tue en fort peu de temps, soit parce qu’avalée facilement par ces insectes, elle est un poison réel pour eux, soit parce que l’odeur extrêmement fétide qu’elle répand, suffoque leurs organes & les tue par l’excès des troubles qu’elle y cause, soit qu’elle les oblige de s’éloigner de leur demeure ordinaire, & les chasse jusqu’à l’anus. Que dans les grands animaux, elle peut être donnée à très-forte dose, sans paroître déranger l’économie animale. Que les convulsions qu’a eu la chienne qui fournit la septième expérience ne doivent point en interdire l’usage, puisque l’effet en a été aussi marqué, & que d’ailleurs on peut avec autant de raison l’attribuer au ver lui-même, qu’à cette huile brûlée qui a peu d’âcreté : nous nous en sommes assurés en la goûtant, elle n’a de marquée que sa puanteur extrême qui est infiniment pénétrante. Que ce remède enfin doit obtenir la préférence sur tous ceux connus & vantés jusqu’à présent, puisqu’il est d’une certitude dans son effet, dont l’action de la fougère, du vicin & de la coraline n’approchent point dans l’usage qu’on en fait dans l’homme.

Le résultat des tentatives faites par les substances, dites communément enthelmintiques, est que le plus grand nombre demeure sans effets sur les vers ; que quelques-unes de celles qui paroissent leur être funestes, doivent être données pendant long-temps à très-grande dose, & pour peu que le ver en soit à l’abri, il en élude l’activité ; que celles qui ont paru sans action sur eux, & qui cependant en ont fait rendre, & qui ont fait calmer les symptômes qu’ils causent, n’ont agi que par rapport aux changemens qu’elles ont opéré dans les sucs des premières voies, & par le jeu différent qu’elles ont excité dans ces organes ; les huiles, par exemple, ont pu détruire les spasmes que leur présence causoit, & donner