Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/644

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plus il faudra continuer long-temps, en l’augmentant peu-à-peu suivant la lenteur de ses effets.

Une autre attention à avoir est le tempérament des animaux ; plus ils sont fins, vifs, irritables, plus les doses doivent être ménagées & éloignées les unes des autres, suivant que l’effet du remède sera tumultueux ; précautions qui sont sur-tout essentielles dans les chevaux, poulains, pouliches, & dans les chiens ; toutes les fois que ce remède sera suivi de mouvemens désordonnés & de convulsions, il importe d’en diminuer la dose & de l’éloigner.

Quant aux œstres renfermés dans les sinus frontaux des moutons, ils éprouvent peu d’effet de la part de l’huile empyreumatique donnée intérieurement, il faut nécessairement les attaquer dans leur logement pour les détruire. S’ils ne sont que dans les sinus, & que la tuméfaction de la membrane pituitaire soit peu forte, les injections d’huile empyreumatique par les naseaux pourroient les forcer de quitter leur demeure & de sortir par les cavités nasales ou par la bouche ; mais il est à craindre, ainsi qu’il est arrivé, que ces insectes n’enfilent la trachée-artère & ne tombent dans les poumons ; ces insectes alors occasionnent la toux, la suffocation, l’anxiété & autres accidens très-alarmans. Lorsqu’ils sont logés dans l’épaisseur de la membrane pituitaire, ou entre cette membrane & les tables osseuses du sinus, ils sont inaccessibles à l’huile empyreumatique, lancée par les fosses nasales, & l’on voit que pour les atteindre dans ces deux cas, le parti le plus sûr est de trépaner l’os frontal, & cette opération doit être encore admise dans le premier cas énoncé ; par elle, ces insectes sont extraite sans danger, & les poumons sont à l’abri d’en recevoir aucune atteinte.

Pour pratiquer cette opération, 1°. il faut avoir une connoissance exacte de l’ostéologie du mouton, pour s’assurer de la portion des sinus qu’on doit trépaner. 2°. L’opération faite, on extrait les vers qui s’y trouvent avec une pince fine & déliée, ou au petit crochet. 3°. On injecte ensuite, avec une seringue, de l’huile empyreumatique, étendue sur deux parties d’infusion de sariette. 4°. On réitère ces injections le lendemain, & en panse ensuite la partie suivant l’état dans lequel se trouve la membrane pituitaire, comme il sera détaillé à la section des maladies vernineuses compliquées. 5°. Après chaque injection d’huile empyreumatique, on doit boucher la plaie & l’ouverture avec un bourdonnet à tête, fait de plusieurs brins d’étoupes ; on rabat ensuite les lambeaux de la peau sur la tête du bourdonnet, & on couvre le tout d’un emplâtre fait d’un morceau de toile, que l’on trempe dans la poix noire fondue, après quoi on l’applique sur la plaie des tégumens ; la poix en se refroidissant y colle la toile.

Lorsque les maladies épizootiques sont essentiellement vermineuses, on doit parfumer les bergeries, les étables & les chenils, après les avoir bien nettoyés, avec de la corne à bœuf ou celle des pieds des chevaux, ou autres animaux, que l’on fait brûler sur des charbons ardens ; pendant cette opération on tient les portes & les fenêtres fermées, les animaux étant dans les étables ; il importe encore de diriger ces parfums sous le ventre & les naseaux