Racine, rameuse, fibreuse.
Port. Plusieurs tiges herbacées, cannelées, rameuses, diffuses, hautes de deux à trois pieds en France, dans les jardins, & souvent de plus de cinq, à Malthe, en Sicile, ou en Espagne.
Lieu ; cultivé en Espagne, en Italie, fleurit en France au mois de mai ou de juin.
Section II.
De sa culture dans l’île de Malthe & en Calabre.
La culture du sulla varie beaucoup dans ces deux parties de l’Italie. Il convient donc de décrire les méthodes adoptées.
1. Culture suivie à Malthe. Le sulla est presque le seul fourrage qu’on peut se procurer dans cette île. Il y croît dans toute espèce de terrain, mais infiniment mieux dans ceux qui ont du fond & dont le sol est substantiel & doux. Il ne craint que le voisinage des mauvaises herbes, & sur-tout du gramen chiendent, dont la végétation est prodigieuse à Malthe. Il faut le détruire jusqu’à son dernier nœud & à sa dernière racine, avant d’établir la prairie artificielle du sulla.
La graine que l’on sème doit avoir au moins une année ; celle de deux à trois ans est préférée[1]. La quantité à jeter sur une étendue de terrain, est du double de celle qu’on sacrifie en blé.
On sème le sulla en divers temps de l’année, c’est-à-dire depuis le premier avril jusqu’à la mi-août, observant cependant que si on le sème en avril ou mai, il suffit de jeter la graine sur place sans aucun labour préliminaire : pendant ces deux mois, avril & mai, les bœufs & les autres animaux vont sur les semis pâturer l’herbe qui y végète ; par le trépignement de ces animaux, la coque dure qui environne la graine est brisée, & la graine suffisamment enterrée ; cependant il n’est pas absolument nécessaire d’y conduire les troupeaux[2].
On sème encore cette graine sur les blés prêts à couper ; le piétinement des moissonneurs la couvre & l’enfonce assez en terre.
Comme le sulla est un excellent fourrage pour les chevaux, mulets, bœufs & moutons, & qu’ils le mangent avec beaucoup d’avidité, soit en vert, soit en sec, il est nécessaire d’avoir grande attention à l’époque de sa récolte, sans quoi l’on n’en retireroit aucun profit. C’est en mai qu’on récolte le sulla semé l’année précédente, au temps de la moisson des blés ; cependant si le sol est bon & la saison précoce, il vaut mieux le couper en avril, afin que la tige ne s’endurcisse pas trop. Si elle durcit, le
- ↑ J’ai semé en Languedoc de la graine que je conservois depuis cinq ans, & elle a fort bien levé.
- ↑ Dans les premiers essais que je fis de cette graine, connaissant sa grosseur, j’en enterrai une partie à trois pouces, la seconde à deux, & la troisième à un pouce. Aucune des deux premières ne germa, la troisième réussit à un pouce. Aucune des deux premières fut travaillé à la fin de l’été : sans doute que ces graines furent ramenées à la superficie ; un grand nombre germa au printemps suivant.