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Section II.

De l’emplacement favorable pour un atelier de vers à soie.

Je suppose qu’un propriétaire veuille construire un atelier commode & favorable à l’éducation des vers à soie, & qu’il soit libre de choisir le local. L’expérience lui prouvera que le plus convenable est celui qu’on construit sur une petite monticule environnée d’un grand courant d’air, où l’on plante trois ou quatre peupliers d’Italie, ou tels autres arbres qui s’élèvent beaucoup sans trop étendre leurs branches, & qui par ce moyen donnent peu d’ombrage. Ces arbres sont les agitateurs de l’air, le mouvement de leurs branches contribue à le renouveler.

Chaque pays a son vent dominant ou désastreux, occasionné par des circonstances purement locales ; telles sont les chaînes de certaines montagnes qui brisent ou font refluer les vents ; telles sont les forêts qui les attirent, les marais, les étangs qui les chargent de miasmes ; enfin telles autres causes locales que je ne puis prévoir ni décrire, mais dont chacun connoît dans son pays les funestes effets, sans chercher à en découvrir la cause physique & toujours agissante. L’atelier seroit très-mal place sous la direction de ces funestes courans d’air.

L’exposition du nord est visiblement mauvaise, puisque le ver à soie exige constamment un degré de chaleur déterminé. Il y a des cantons où le vent d’est est insoutenable, & accompagné de la plus grande humidité ou d’une chaleur suffoquante : dans d’autres, il annonce des jours purs & sereins. Dans les régions qui ont au midi de grandes chaînes de montagnes très-élevées, le vent qui en vient est toujours froid, surtout si elles sont couvertes de neige, ou simplement humides ; mais il est brûlant, quand le sol en est sec, & dans l’été ce vent terrible brûle tous les végétaux qui sont sur sa direction. Le vent du couchant en général est froid & pluvieux : lorsqu’il ne souffle pas, la chaleur du soir est la plus forte & la plus incommode de la journée. Je pourrois encore citer des exemples, ou pour mieux dire, des faits ; mais ceux-là suffisent pour prouver qu’il n’y a pas de règle générale applicable à tous les cantons & à tous les climats. Chacun doit s’appliquer à connoître son climat & les variations auxquelles il est exposé, & ne point s’en rapporter aveuglement à l’opinion qu’un auteur donne dans son ouvrage, qui peut souvent produire de grandes erreurs.

Je dirai donc à présent, si toutes les circonstances sont égales : 1°. choisissez l’emplacement du levant au midi, celui qui reçoit les premiers rayons du soleil, mais qui en est à l’abri depuis trois heures jusqu’au soir ; donnez au bâtiment la direction du nord au midi, en observant que sa plus grande face soit au levant.

3°. Qu’il soit percé sur toutes ses faces d’un nombre suffisant de fenêtres larges & élevées, afin d’avoir la facilité d’établir un courant d’air à volonté dans tous les sens, suivant le besoin, & afin de procurer beaucoup de lumière dans l’atelier. On a tort de croire que les vers se plaisent dans l’obscurité. Ce fait est faux, & démontré tel par l’expérience. Dans un