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& sur une plus grande superficie tout à la fois. Celles-ci fermeront aussi exactement que les premières, & pourront, au moyen d’une ficelle ou d’un contre-poids, être ouvertes ou fermées de l’intérieur de l’atelier. On prévoit leur usage ; par la suite on en connoîtra l’importance.

Section IV.

Des effets ou meubles nécessaires dans un atelier.

Par les effets nécessaires dans un atelier, j’entends parler 1°. des instrumens propres à communiquer la chaleur. 2°. Des tablettes destinées à supporter les vers à soie. 3°. Des claies ou clayons qui servent à les changer de place, ou à les transporter d’un endroit dans un autre. 4°. Des échelles ou marche-pieds. 5°. Des thermomètres.

1°. Des procédés pour communiquer ou conserver la chaleur. Cet article est presque inutile pour les pays vraiment méridionaux, où l’on a plus besoin d’un air frais que de chaleur. L’usage le plus ordinaire, pour donner de la chaleur dans un atelier, est d’avoir de grandes terrasses ou bassines en cuivre ou en fer, où l’on met du charbon pour le faire allumer à l’air extérieur, & le rapporter ensuite, dans l’atelier. La précaution est indispensable, autrement les hommes & les vers, périroient asphyxiés par la vapeur mortelle du charbon. Pourquoi cette vapeur est-elle mortelle ? c’est que pendant l’ignition le charbon rend air fixe (consultez ce mot) qu’il contenoit. Or comme l’air atmosphérique ne contient qu’un quart ou un tiers d’air pur ou vital, il est donc dans l’ordre des lois physiques, que la grande quantité d’air fixe du charbon, vicie & détruise l’action du peu d’air vital répandu dans l’atmosphère. Avec la précaution de faire allumer le charbon hors de l’atelier, on a fait, il est vrai, évaporer une grande partie de son méphitisme ; mais il n’en conserve encore que trop jusqu’à ce qu’il soit entièrement consumé. Ce brasier allumé qu’on rapporte dans l’atelier produit son effet, il échauffe l’atmosphère intérieure, mais en même temps il la vicie & la corrompt. Il est facile d’en juger par la difficulté, que ressent un homme à respirer, lorsqu’il entre pour la première fois dans un lieu semblable. On dira : les ouvriers s’y habituent, pourquoi les vers ne s’y accoutumeroient-ils pas ? La supposition n’est pas exacte. L’ouvrier va, vient, il entre, il sort, il n’y couche pas. À tout moment il a la facilité de dégorger ses poumons de l’air infect, & d’en respirer un plus pur : le ver, au contraire, est forcé de vivre dans le même bain d’air méphitisé. Il faut encore observer que ces bassines pleines de feu échauffent trop subitement l’intérieur de râtelier, & le ver demande une chaleur douce & égale dans tous les temps. La braise, il est vrai, n’est pas aussi délétère que le charbon dans sa première ignition, mais personne n’osera dire qu’elle ne produit aucun effet funeste. Des expériences malheureuses & souvent répétées ont fait & font payer par des asphixies les suites de l’ignorance ou du préjugé. On doit toujours se rappeler, que la nature a pourvu les vers de seize stigmates pour respirer ; elle indique donc par ce nombre le besoin qu’ils ont continuellement de respirer un air pur. J’ose affirmer que l’insalubrité