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nature. Il vaudroit tout autant dire, que les vers à soie peuvent être élevés dans une cave, où la température de la chaleur est toujours égale, où il n’y a à craindre ni le grand jour, ni la transition subite du chaud au froid, ni enfin les éclairs, le tonnerre, &c…

Un atelier simple doit être composé de trois pièces : 1°. d’une chambre pour la première éducation, c’est-à-dire, destinée à élever les vers dès qu’ils sortent de la coque, jusqu’à la première mue. 2°. De l’atelier proprement dit, qui sera de vingt pieds de largeur, sur quarante de longueur, & dont la hauteur, sous le plancher, sera au moins de douze pieds. 3°. D’une infirmerie destinée à loger les vers malades. L’atelier, suivant les proportions indiquées, peut contenir les vers à soie provenant de sept onces de graine.

En supposant qu’un seul atelier ne fût pas suffisant pour un riche propriétaire en mûriers, seroit-il plus avantageux de donner quatre-vingts pieds de longueur, ou d’établir un second atelier à la suite du premier, tous deux séparés par un mur, & ne communiquant ensemble que par une seule porte ? Cette question mérite d’être discutée.

Si l’on est dans les climats où l’on redoute les froids tardifs du printemps, & que l’on emploie le même nombre de feux pour échauffer l’atelier de quatre-vingts pieds de longueur, je le préfère à deux autres de quarante pieds, si les fenêtres sont bien closes, avec les précautions indiquées ci-dessus, & si on sait ménager la chaleur produite par les fourneaux. On objectera qu’un grand bâtiment présente plus de surface à l’air extérieur, & par conséquent au froid : mais dans la supposition donnée, la surface ne sera-t-elle pas la même ? Que produit donc le mur de séparation ? Rien ou presque rien. Ainsi en bâtissant, on économisera la construction d’un mur de refente, & on laissera au grand atelier une circulation d’air plus considérable, sans diminuer la masse de chaleur qui doit y régner. Dans les chaleurs suffoquantes, dans un temps lourd & bas, on reconnoîtra l’avantage d’un atelier d’une vaste étendue… Dans les climats plus méridionaux, où l’on ne craint pas les froids tardifs ; plus l’atelier sera spacieux, mieux les vers y réussiront. Si on lui donne quatre-vingts pieds de longueur, le plancher doit être élevé de treize à quatorze pieds. Si on craint la dépense de la construction d’un second atelier, on peut élever un étage au-dessus du premier, lequel sera toujours terminé par un grenier, pour les raisons que j’en ai données.

Sur un atelier de quarante pieds de longueur, il doit y avoir quatre ouvertures ou trappes, placées près des murs à la distance de dix pieds les unes des autres. Elles seront pratiquées dans la partie du plancher, ou de la voûte, qui sépare le premier du rez-de-chaussée. Le pourtour de l’ouverture sera en bois de chêne très-sec, & recevra dans son entaille, d’un pouce au moins, la trappe ou porte également en bois de chêne, fixée par des charnières. Cette porte ne doit pas excéder le niveau du carrelage. Semblables ouvertures, & en pareil nombre, communiqueront de l’intérieur de l’atelier au grenier, & seront placées en sens opposé aux premières, afin de renouveler l’air plus promptement,