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suivant cette forme. 4°. Ces tuyaux monteront perpendiculairement dans l’épaisseur du mur, jusqu’à un pied au-dessus du plancher qui sépare l’atelier du rez-de-chaussée. 5°. À ce point le tuyau formera un coude, pour s’emboîter avec les tuyaux de l’atelier. La partie coudée aura une porte qui donnera la facilité de nétoyer les tuyaux. 6°. Ceux de l’atelier seront en fonte ou en tôle, ou en terre à l’épreuve du feu. Si on ne craint pas la dépense, on les a en faïence. 7°. Ces tuyaux seront éloignés du mur, de six ou huit pouces, & soutenus, selon le besoin, par des collets de fer scellés dans le mur. 8°. Un peu au-dessous de l’étage supérieur, ils seront ouverts ou fermés à volonté, par une soupape, dont le fil de fer qui la fera mouvoir, sera à la portée des ouvriers. 9°. Enfin ce tuyau passera à travers l’étage supérieur, & se terminera à deux pieds au-dessus de son toit.

Suivant les lois de la physique, la chaleur, la flamme, la fumée, suivent nécessairement le courant d’air. L’expérience prouve qu’étant renfermées dans des tuyaux, elles se portent à de très-grandes distances. C’est à nous à savoir en tirer le parti le plus convenable à nos besoins. En multipliant les tuyaux dans un atelier, nous distribuons la chaleur qu’ils apportent, qui se perdroit dans l’atmosphère extérieure. La plus petite courbure d’un tuyau, est quelquefois suffisante pour faire circuler dans le contour d’un appartement, la chaleur apportée par un seul tuyau. Les cheminées à la Franklin prouvent tout le parti qu’on peut retirer de la chaleur. D’après ma propre expérience, je puis assurer que des tuyaux de plus de quatre-vingt-dix pieds, ne nuisent point à la sortie de la fumée. En suivant ce procédé, deux poêles peuvent suffire pour un atelier-de quatre-vingts pieds.

J’ai dit qu’il falloit que les tuyaux fussent à six ou huit pouces de distance du mur. En voici la raison. S’ils touchoient le mur, il absorberoit trop de chaleur, en raison de celle que l’air extérieur lui soutireroit continuellement, au préjudice de l’air intérieur ; parce que tous les fluides tendent à se mettre en équilibre. Les ouvriers mal-adroits peuvent heurter ces tuyaux ; il est facile de prévenir cet inconvénient, en plaçant une balustrade qui les avertira de les éviter.

Si on adopte cette méthode, on se convaincra, 1°. qu’elle est plus économique que les autres, puisqu’on profite de toute la chaleur. 2°. Que les vers peuvent aisément être toujours à la même température, au moyen des trappes qu’on ouvre ou qu’on ferme, suivant le besoin. 3°. Que l’air n’est point vicié par la fumée, ni par l’air méphitique qui s’exhale du charbon. 4°. Que la chaleur de l’atmosphère étant insuffisante, on y supplée, en jetant dans les poêles quelques matières combustibles. 5°. Que la chaleur douce, étant une fois concentrée dans l’atelier, y est fixée, n’ayant pas d’issue pour s’échapper ; & quoiqu’elle attire un peu d’air extérieur, on est toujours maître de la tenir au degré convenable, à très-peu de frais. Pour fixer la chaleur dans l’atelier, on pourroit établir un tambour à la porte extérieure, qu’on n’ouvriroit qu’autant que l’autre seroit fermée. Heureux les hommes qui