Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/665

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habitent les climats où ces précautions ne sont pas nécessaires. C’est principalement dans l’endroit où les vers font leur première mue, qu’il faut être attentif aux changemens & à la pureté de l’air.

2°. Des tablettes. Il est question d’un atelier uniquement destiné à l’éducation des vers à soie : par conséquent les montans & les tablettes doivent être à demeure. La partie inférieure des montans, sera enclavée dans le carrelage, & la supérieure attachée par des goussets en fer, contre les chevrons du plancher. À la distance de dix-sept à dix-huit pouces du carrelage, ils seront percés d’une mortoise de chaque côté, dans laquelle entrera la traverse qui, bien chevillée, assujettira les deux montans. Une nouvelle traverse sera placée plus haut de la même manière, à la distance de dix-sept ou dix-huit pouces de la première ; & ainsi de suite, suivant les mêmes proportions, jusqu’au plancher supérieur. Le nombre des montans doit être proportionné à la pesanteur & à la longueur des tablettes qu’ils supporteront. Disposés dans la largeur des tablettes, ils seront à la distance de trois pieds, & dans la longueur, de six à sept. On se sert communément de chevrons de sapin de quatre pouces d’équarrissage, polis à la varlope sur toutes leurs faces. Pour des tablettes de quatorze à quinze pieds de longueur, & placées sur la largeur de râtelier, trois paires de montans de la force indiquée, suffisent. C’est la même chose, si on les dirige sur la longueur. Je demande encore qu’une traverse semblable aux précédentes & de la même force, réunisse les montans les uns aux autres, afin que toutes les tablettes ne fassent qu’un corps. Cette traverse sera placée au niveau de la tablette supérieure, pour servir d’appui à l’échelle dont les ouvriers ont besoin pour distribuer la feuille, changer les vases, nétoyer les tables, &c. Pour rendre le service commode, il faut laisser entre les tablettes séparées les unes des autres, & formant un corps, ou atelier, un espace de trente-six pouces, afin que les ouvriers aillent & viennent sans se gêner réciproquement. D’après une pareille disposition, on dira peut-être que je perds beaucoup de terrain, & qu’il seroit facile de nourrir plus de vers à soie, en laissant des allées moins larges. Je conviens de ce fait ; mais je demande à mon tour, aux partisans de l’entassement, combien ils retirent de cocons des quarante mille œufs que contient une once de graine, en supposant que l’année soit bonne ? S’ils sont de bonne foi, ils avanceront qu’ils n’ont pas le tiers des quarante mille. L’air vicié, qui est un effet de l’entassement, est la cause de cette mortalité qui réduit la récolte au tiers de ce qu’elle devroit être. Je dis plus : trois cents cocons pèseront à peine une livre. Il faudra, peut-être, quatorze livres de cocons pour obtenir une livre de soie. Où est donc l’avantage d’une telle éducation ? Suivant ma méthode, la perte des vers, élevés dans un air pur, à une chaleur douce & sans être entassés, ne sera pas du quart. Les cocons seront plus fermes, plus pesans ; la soie plus forte & plus belle. Voilà des faits dont chacun peut se convaincre, en prenant la peine d’essayer, & de juger ensuite quelle est la meilleure manière de