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à douze, & les jours suivans, de quinze à dix-huit. Cependant, il faut observer, que si la feuille pousse, il faut presser la graine, afin que les vers, au moment de leur naissance, n’ayent pas une feuille trop dure. Dans ce cas, il convient d’augmenter la chaleur graduellement de dix-huit à vingt ; on peut même la porter jusqu’à vingt-cinq degrés sans danger, pourvu qu’on aille peu à peu. Il n’y a que le passage trop subit d’un foible degré de chaleur à un plus fort, qui soit nuisible. Ainsi en allant doucement, il n’y aura rien à craindre pour la couvée. Lorsque la graine est constamment à la température de quinze à seize degrés, elle est neuf à onze jours à éclore. Dans les deux derniers jours, il est à propos de la pousser jusqu’à vingt, mais toujours graduellement ; les vers éclosent alors avec plus de facilité & également.

Quand la graine est disposée, comme il vient d’être dit, pendant les trois ou quatre premiers jours, on la visite deux fois par jour ; on lève le papier qui la couvre, & avec la barbe d’une plume on la remue, on l’égalise, & ensuite on la recouvre. Les autres jours, il suffit de la remuer une fois le matin ou le soir.

À mesure que la graine approche du moment d’éclore, sa couleur cendrée devient blanchâtre. Avec l’habitude d’observer, on peut connoître le temps où les vers éclosent. S’ils sont noirs ou d’un brun foncé, c’est un signe certain d’une bonne santé : mais lorsqu’ils sont rougeâtres, on peut les jeter : ils consommeroient de la feuille, sans qu’il en résultât aucun avantage. Il arrive quelquefois que des vers éclosent en petit nombre avant les autres : ils ne valent pas la peine d’être gardés. Les soins qu’ils exigeroient ne seroient point compensés par le profit qu’on en retireroit. Dans une bonne éducation, tous les vers doivent aller également, c’est-à-dire, avoir leurs mues en même-temps ou à peu d’heures de distance, afin qu’ils montent tous ensemble pour coconner ; ce qui évite beaucoup de peine & de soins.

Aussitôt qu’on s’aperçoit, par le changement de couleur de la graine, que les vers sont sur le point d’éclore, on met sur les boîtes une feuille de papier, criblée de petits trous très rapprochés, qui couvre toute la graine. On place sur ce papier, quelques feuilles tendres & fraîches, mais sans être humides. À mesure que le ver sort de sa coque, il passe par les trous du papier pour venir chercher la feuille. Je le répète : il faut que la feuille soit tendre, fraîche & point humide. Cette première nourriture contribue essentiellement à la santé des vers, pour toute la durée de leur vie. Si la feuille est humide, elle leur donne la diarrhée, & les affoiblit au point que souvent ils ne supportent pas la première mue. Si elle est dure, ils ne peuvent pas la ronger ; ils souffrent de la faim, & ils traînent une vie languissante. Si quelqu’un doute de ces effets, qu’il en fasse l’expérience sur quelques douzaines de vers, & il se convaincra de la vérité de mon assertion.

Les vers éclos dans le même jour, seront mis dans des boîtes numérotées, suivant l’ordre des levées. La première sera numérotée 1, la seconde 2 ; ainsi de suite pour toutes les autres. Ou fait les levées deux fois par jour,