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jusqu’à ce que le reste ait mué à un petit nombre près. On tire alors tous ces nouveaux vers de la litière pour les porter à la place qu’on leur a préparée ».

Si on a levé les vers, soit pour les éclaircir ou pour les changer de litière, on aura peu de traîneurs ; tous ceux qui se portent bien muent en même-temps, à quelques heures près. Ainsi l’on n’aura point de vieille litière à la veille de la mue, & les données qui auroient été forcées pour les traîneurs, n’auront pas lieu, & les vers alités ne croupiront pas dans une atmosphère mal saine. Dès que le ver commence à amarer son corps avec les fils de soie, on ne doit plus le déranger. En touchant à la litière on détruiroit les points d’appui qu’il s’est préparé pour faciliter sa mue : il seroit obligé d’en fournir d’autres, ce qui l’épuiseroit, & le rendroit incapable de muer.

Pendant la mue une chaleur trop forte fatigue les vers. Le degré le plus favorable est de dix-huit à vingt. Si elle est au-dessous de quinze, la mue est pénible, & le ver se morfond. Les bonnes mues ne doivent durer que trente heures, ou trente-six au plus. Après la mue il ne faut pas presser les repas ; il est à propos que la plus grande quantité ait mué. À cette époque on peut supprimer un ou deux repas, sans danger : par ce moyen, on donne aux autres le temps de se dépouiller.

On reconnoît que la mue a été bonne : 1°. lorsque les vers s’agitent avec vivacité dès qu’on souffle légèrement sur eux ; 2°. s’ils ne peuvent pas être contenus dans l’espace qu’ils occupoient auparavant ; 3°. quand ils sont parfaitement égaux en grosseur & en longueur ; 4°. S’ils se jettent avec avidité sur la feuille ; 5°. lorsqu’ils ne quittent pas la litière pour errer sur le bord des tables ; 6°. lorsqu’on trouve peu de traîneurs, de malades ou de morts sur la vieille litière.

Au premier âge le ver à soie a sur son corps des poils longs qui disparaissent en partie, à mesure qu’il avance & fait des progrès. Sa couleur d’un brun foncé s’éclaircit de même en devenant plus gros & plus long.

Section II.

Du temps & de la manière de déliter.

Déliter, c’est ôter le ver à soie de dessus la litière, formée par les débris des feuilles & par ses excrémens. Quand faut-il déliter ? le plus souvent qu’il est possible ; les vers en seront beaucoup mieux, n’étant pas exposés à respirer un air vicié. Comment faut-il déliter ? de la même manière que j’ai dit qu’il falloit éclaircir. (Voyez la section précédente). On regardera cette méthode comme minutieuse, mais je soutiens qu’elle est excellente pour entretenir les vers en bon état, & c’est de là que dépendent les succès de l’éducation. Voici la méthode de M. Sauvages, on la trouvera plus expéditive ; mais est-elle meilleure ? Je m’en rapporte à l’expérience.

« Les magnaniers qui donnent peu de chaleur à leurs vers, & beaucoup de feuilles, ce qui est le plus ordinaire, sont sujets à voir la litière s’épaissir sous leur bétail, & doivent être attentifs à en prévenir les mauvais effets. Le remède est de déliter plus fréquemment, lorsque la litière acquiert plus de deux doigts d’épaisseur.