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comptant depuis le commencement des premiers cocons.

Lorsqu’on détache les cocons de la bruyère, on doit avoir l’attention d’en séparer la première bave, qu’on nomme bourre, & les petits brins de feuille des rameaux, ou de la bruyère, qui peuvent être attachés aux fils de soie. C’est un soin qu’il faut recommander principalement aux enfans qu’on emploie à cet ouvrage. Quand on laisseroit une livre de bourre sur cent livres de cocons, ce seroit beaucoup, & elle suffiroit pour déparer la récolte, qui n’offriroit pas un coup-d’œil favorable à l’acheteur.

CHAPITRE XI.

Manière d’étouffer les cocons pour empêcher la chrysalide de se former en papillon.

Il seroit bien avantageux de fiser les cocons aussitôt qu’ils sont enlevés de la bruyère. La soie en seroit plus belle, mieux lustrée, le brin plus fort & plus facile à tirer. Mais cela n’est pas pratiquable pour les personnes qui font le commerce d’acheter des cocons pour les faire filer : elles ne pourroient jamais réunir des fileuses en assez grand nombre. On peut différer la naissance des papillons, en tenant les cocons dans un endroit frais, mais pas humide, parce que la qualité de la soie en seroit altérée ; malgré cette précaution, les papillons percent au bout d’un mois, & quelquefois plutôt.

L’usage le plus ordinaire est d’étouffer les cocons pour faire mourir la chrysalide, & la nécessité prescrit ce moyen, sans lequel on perdroit une récolte entière. La méthode la plus ordinaire pour cet effet, est d’avoir de grands paniers dans lesquels on met les cocons ; on les couvre avec des chiffons de vieux linge ou d’étoffe ; dans cet état on les porte au four, après en avoir retiré le pain ; ils y restent environ une heure. Si la chaleur est trop forte, le brin de soie peut être calciné, alors il se rompt à tout moment pendant le tirage. Il est dont très-important de s’assurer du degré de chaleur du four, avant d’y mettre les cocons. Le quatre-vingtième degré, qui est celui de l’eau bouillante, suffit pour faire mourir le ver.

Cette méthode est la plus usitée, parce qu’elle est facile, & n’occasionne pas de dépense : mais elle a l’inconvénient de nuire à la qualité de la soie, de dessécher le fil, de lui enlever la partie gommeuse qui le rend si beau & si lustré. Pour s’en convaincre, il suffit 1°. de comparer des cocons passés au four, avec ceux qui n’ont pas subi cette opération : ces derniers sont en effet plus beaux, ils ont tout leur brillant, tandis que les autres ont une couleur pâle & qui n’est point lustrée. 2°. La soie des cocons qui n’ont pas subi l’épreuve du four, a une couleur plus belle & mieux lustrée ; comparez-la avec la soie des autres cocons.

L’immersion des cocons dans l’eau bouillante doit faire mourir le ver, sans altérer autant la qualité de la soie, que la chaleur du four, qui dessèche trop le fil, & surtout la partie gommeuse qui lui donne le lustre. Voilà une expérience que je propose aux observateurs. Aussitôt que les cocons seroient sortis de l’eau, on les mettroit sur des claies très-