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barrasseroit les pattes du papillon au sortir de la coque. Pour former un chapelet, il faut percer légèrement le cocon avec l’aiguille, de façon que le fil ne passe pas dans l’intérieur.

Après avoir enfilé tous les cocons destinés pour graine, on suspend les chapelets à des perches ou à des clous enfoncés dans le mur, & l’on attend que le papillon sorte. Il faut les placer dans un endroit tempéré, afin que la chrysalide ne soit pas trop hâtée. Depuis la perfection du cocon, elle reste quinze ou vingt jours, avant sa métamorphose en papillon. À cette époque, il faut visiter les chapelets tous les matins, depuis le lever du soleil jusqu’à huit ou neuf heures ; c’est le temps où l’on trouve les papillons sortis de leur coque. On les enlève tout de suite pour les placer sur une table destinée à les recevoir, & où on les fait accoupler. Cette table sera couverte d’une vieille étoffe, telle que du voile ou de l’étamine, afin que le papillon puisse aisément s’y cramponner. On place sur le mur de pareils morceaux de vieille étoffe, sur lesquels on porte les femelles après l’accouplement ; on a soin de relever la partie inférieure de ces morceaux d’étoffe en forme de bourrelet, pour recevoir la graine qui pourroit tomber à terre sans cette précaution.

Aussitôt qu’on a vu quelques papillons, il faut tous les matins visiter les chapelets, ôter les papillons de dessus les cocons, & les placer sur la table, les mâles d’un côté, les femelles de l’autre. Si on en trouve qui soient déja accouplés, on les prend par les ailes, & on les transporte doucement sur la table. Les mâles sortent plus promptement que les femelles, & dans une matinée on en a quelquefois plus que de femelles. Après l’accouplement on met les surnuméraires de côté, pour servir le lendemain, en cas de besoin. On distingue aisément le mâle de la femelle ; il est d’une taille & d’un corsage plus mince qu’elle, & beaucoup plus vif. Ses antennes sont garnies de cils ou poils noirs, plus serrés que ceux de la femelle : le battement de ses ailes est continuel, précipité ; la vitesse de ce mouvement semble annoncer le besoin & le désir de s’accoupler. La femelle a une marche lente, elle traîne pesamment son ventre qui est très-gros : ses antennes sont peu garnies de poil, & pendent de chaque côté.

Lorsqu’on a ramassé tous les papillons, mâles & femelles, (ce qu’on doit faire tous les matins) il faut procéder à l’accouplement de cette manière. Placez une femelle sur le morceau d’étoffe, dont la table est couverte, & mettez un mâle à côté d’elle. Suivez toujours la même ligne, en mettant la femelle & le mâle à côté l’un de l’autre. Quand une ligne est finie, commencez-en une autre jusqu’à ce que tous les papillons de la journée soient employés. S’il y a des mâles ou des femelles surnuméraires, placez-les sur une autre table jusqu’au lendemain que vous pourrez les accoupler. Il n’y a pas à craindre qu’ils viennent trouver & déranger ceux qui sont accouplés, attendu qu’ils ne font pas usage de leurs ailes pour voler, & qu’ils marchent très-lentement. Aussitôt que le mâle est près de la femelle, il bat des ailes avec une vitesse extrême, & il s’accouple tout de suite.