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La fécondité de la femelle dépend de la durée de l’accouplement, qui doit être de neuf ou dix heures. Alors on les sépare doucement, pour porter la femelle sur le morceau d’étoffe qui est sur le mur, où elle fait sa ponte pendant la nuit. On réserve les mâles, qui paroissent encore vigoureux, pour le lendemain, afin de les donner aux femelles, s’il n’y en avoit pas de nouveaux, qu’il faut toujours préférer à ceux qui ont servi.

Quand on ne sépare pas le mâle de la femelle, l’accouplement dure quelquefois pendant dix-huit ou vingt heures, ce qui est très-nuisible à la ponte, car la femelle meurt quelquefois sans avoir pondu, ou après avoir pondu une centaine d’œufs au plus. Si l’accouplement ne dure pas assez, les femelles pondent peu, & souvent des œufs stériles. Lorsqu’on les sépare au bout de deux ou trois heures, on ne peut le faire qu’avec beaucoup de peine, & alors on occasionne des tiraillemens aux organes qui rendent la ponte plus difficile & moins abondante. Une femelle accouplée pendant neuf ou dix heures, pond au moins cinq cent œufs avec facilité. Lorsque la ponte est finie, la femelle tombe épuisée de dessus le morceau d’étoffe ; ou on l’ôte, pour faire place aux autres, dès qu’on s’aperçoit qu’elle ne pond plus.

L’endroit où l’on fait accoupler les papillons ne doit point être trop chaud ; il vaut mieux qu’il soit un peu frais. Il faut préférer l’exposition du nord, à celle du midi. Lorsque la chaleur est considérable, la femelle se sépare du mâle au bout de deux ou trois heures, pond quelques œufs & s’accouple de nouveau. Cette sorte de libertinage est très-nuisible aux pontes, elles réussissent mal, sont peu nombreuses & les œufs ne sont pas tous également fécondés. Il est donc très-important de ne point placer les papillons dans un endroit trop chaud.

Les personnes qui veillent aux accouplemens doivent, 1°. visiter les chapelets chaque jour, vers les six ou sept heures du matin. C’est le temps où les papillons sortent le plus ordinairement. On y va aussi de temps en temps dans la journée, afin d’ôter les papillons qui pourroient être sortis, & qui s’accoupleroient sur les cocons. 2°. Tous les papillons qu’on trouvera sortis, seront placés sur les morceaux d’étoffe, comme je l’ai dit. 3°. Pendant la durée de l’accouplement, qui est ordinairement de neuf, dix & quelquefois douze heures, on ira examiner s’il n’y a pas des mâles & des femelles séparés, afin de les rapprocher, de la manière que je l’ai observé. 4°. On remarquera les femelles obstinées à se séparer, pour les placer sur un morceau d’étoffe différent de celui où l’on mettra celles dont l’accouplement étoit complet, afin de ne pas confondre les œufs bien fécondés avec ceux qu’on doute l’avoir été comme il faut. 5°. On aura une grande attention à ne pas mettre les mâles nouveaux venus, avec les anciens qui ont déja servi. Ces derniers seront jetés, si les nouveaux sont assez nombreux pour servir aux accouplement. 6°. On tiendra la porte & les fenêtres fermées, de l’endroit où sont les papillons, afin que les poules ne puissent pas y aller pour les manger. Elles en sont très-friandes. On les en régale, si on veut, lorsque la ponte est finie.