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ceptacle, entre le germe et le filet des étamines.

Fruit, deux légumes sessiles, presque réunis à leur base, d’une forme semblable au légume de la fève de marais, mais les semences plus petites et obrondes.

Feuilles, ailées, sans impaire, terminées par une vrille ; les folioles très-entières, presque sessiles, velues, linéaires, lancéolées, avec un stylet à leur sommet.

Port. Les tiges s’élèvent à un pied, un pied et demi et plus, herbacées, rameuses, presque quadrangulaires ; deux fleurs bleues et blanches, axillaires, de la grandeur des folioles ; stipules dentelées, marquées d’une tache noire ; feuilles alternes.

Lieu. Les champs. Cette plante est annuelle.

Propriétés. La semence est nourrissante, venteuse ; sa farine est une des quatre farines résolutives ; on l’emploie en cataplasmes ; administrée intérieurement, sous forme de médicament, elle est astringente.

Ses usages économiques.

Quand la nécessité força, comme en 1709, de convertir la farine de la vesce en pain, on n’en obtint qu’un aliment de mauvais goût et d’une digestion difficile. La graine de cette plante ne convient pas non plus indistinctement à tous les animaux de la basse-cour. Il résulte des observations que nous avons faites, qu’elle est nuisible aux canards, aux jeunes dindons, et sur-tout aux poules. Ceux d’entre ces derniers oiseaux, que nous avons vu s’en gorger avec une sorte de délices, ont été saisis peu après d’une chaleur ardente et d’une soif inextinguible. Si les poules trouvent à renouveler le même repas, les accidens ne font qu’augmenter : l’inflammation du sang se manifeste par la couleur rembrunie de leurs crêtes ; et l’hydropisie et la mort ne tardent pas à la suivre. Il paroît que les cochons ne s’accommodent pas non plus de la graine de la vesce. Leur estomac naturellement très-chaud, c’est-à-dire, très-actif, reçoit sans doute un redoublement d’énergie de la qualité astringente, et tonique de cette semence. Soit qu’elle absorbe ou qu’elle neutralise la bile et le suc gastrique, indispensables pour la formation et l’élaboration du chyle ; soit qu’elle passe trop rapidement de l’estomac dans les secondes voies, il est de fait qu’à mesure que les cochons s’en nourrissent, leur chair disparoît, et qu’ils finissent par la consomption. Les habitans de la campagne disent alors que leurs cochons sont brûlés, expression vraie, si par brûlure ils entendent l’absorption ou dessiccation des fluides.

Nous avons cru devoir prémunir le cultivateur contre les accidens qui peuvent résulter de l’emploi de la vesce, avant de lui présenter les nombreux avantages qu’il peut obtenir de toutes les parties de cette plante, distribuées à propos et avec discernement.

Sa graine forme une des nourritures favorites des pigeons, qui semblent même lui donner la préférence sur tout autre aliment,