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aient fait un repas dans les étables, bergeries ou écuries ; dans les premiers jours ils ne feront pour ainsi dire, qu’y passer matin et soir ; mais peu-à-peu on les y laissera plus long-tems, et de manière que leurs estomacs s’accoutument insensiblement à cette nourriture ; loin de leur être alors préjudiable, elle leur est avantageuse et salutaire. Depuis quinze ans je pratique cette méthode de faire parquer mes bestiaux dans les trèfles, et je dois dire qu’il n’en est résulté aucun accident : ce que j’attribue à la double précaution de ne les y introduire que peu à peu et jamais à jeun. Ceux qui y passent les nuits n’étant pas pressés par le besoin, ne touchent point à la plante avant que le soleil ou le vent n’ait dissipé la rosée. La richesse d’engrais qui résulte d’un tel parcage est immense et dispose merveilleusement la terre à donner l’année suivante une bonne récolte de froment. Tels sont les avantages qu’on peut attendre de la culture de la vesce, de celle d’automne sur-tout ; on ne doit pas compter pour peu celui de contribuer aussi directement à la suppression des jachères.


VESCERON. Vicia segetum parva. On le nomme dans quelques endroits jardeau. Il est sans doute une variété des vesces, puisqu’il en a la propriété et tous les caractères. Sa graine se conserve plusieurs années dans les champs ; mais lorsque la fin du printems est humide, son germe se développe et croît avec une rapidité telle que la plante devient un véritable fléau.

Elle saisit le blé avec ses vrilles, le surpasse bientôt en hauteur, et le couvrant de ses nombreuses tiges, elle l’accable de son poids et le contraint de verser avec elle. Le blé, privé des bienfaits du soleil, ne croît plus, il languit et finit par pourrir.

Quel moyen peut-on employer pour détruire le vesceron qui s’empare d’une pièce de blé ? On n’en connoît point. Dès que cette plante est parvenue à une certaine élévation, il n’est plus possible de pénétrer dans le champ pour sarcler : et si on veut commencer ce travail plutôt, en supposant que la terre soit assez sèche pour le permettre, (ce qui est fort rare) le vesceron est alors si petit que le plus grand nombre des individus échappent à l’œil de l’ouvrier. Le plus certain c’est de s’opposer à son développement. Pour y parvenir, il faut semer de bonne heure, c’est-à-dire, immédiatement après la moisson. Plus les semailles sont hâtives, moins il faut employer de semences, parce qu’alors chaque pied de blé a le tems de prendre assez de force pour résister aux froids et à l’humidité de l’hiver : et que le blé ayant talé et couvrant lui-même toute la surface de la terre, il est un obstacle à la germination et à l’accroissement des plantes nuisibles.

Nous ne voyons point un champ dont les herbes nuisibles se sont emparées, que nous ne donnions de nouveaux regrets à la destruction des pigeons. Outre l’avantage qu’on en retiroit, comme abondant, sain et agréable comestible, ils nous