Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/12

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François Rozier naquit à Lyon le 24 janvier 1734. Son père originaire de Colombe, village du Dauphiné, proche Vienne, s’étoit établi dans cette ville dès sa jeunesse, et s’y livroit avec autant d’honneur que d’intelligence à un commerce très-étendu. Les occupations multipliées de son état ne purent jamais le distraire du soin qu’il devoit à sa nombreuse famille. Chargé de huit enfans, il sentit bien que ses propres travaux seroient insuffisans pour leur procurer une honnête aisance, et toute son attention se porta vers leur éducation. Il avoit d’ailleurs été élevé lui-même avec trop de soin, pour ne pas savoir que c’est-là la véritable richesse, la seule qui puisse braver les revers de la fortune.

Rozier, dont nous écrivons l’éloge, confié pendant son jeune âge, à un instituteur vertueux et instruit, fit de rapides progrès.

Si les goûts de l’enfance n’étoient pas trop souvent des annonces trompeuses, on auroit pu assurer dès-lors qu’il se distingueroit dans la carrière des sciences. On le voyoit à l’âge de dix ans tracer une méridienne sur les carreaux de sa chambre, et percer une fenêtre pour que les rayons du soleil y arrivassent sans être brisés. Le confident et le témoin utile de ces expériences étoit une de ses sœurs plus âgée que lui, aiguillonnée comme lui par le désir de savoir : on pouvoit déjà le comparer à Pascal travaillant avec Mlle Périer.

Le premier collège où on l’envoya, lorsqu’on le crut capable de profiter des avantages de l’instruction publique, fut le collège de Villefranche. À la tête de cet établissement étoit le P. Vidal connu par de bonnes traductions d’auteurs latins, suivant la méthode de Dumarsais. Cet habile jésuite devina les talens du jeune Rozier et fit tous ses efforts pour en développer le germe. L’attachement qu’il conçut pour son élève étoit si fort que dans une maladie violente dont celui-ci fut attaqué,