Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/143

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toires d’Argenteuil et de Sevré, qui s’occupent des moyens de la leur conquérir de nouveau. Puissent les soins qu’ils donnent à cette louable entreprise, et l’intelligence avec laquelle ils la dirigent être suivis de succès rapides ! ils auroient bientôt de nombreux imitateurs.,

Les vignobles d’Orléans n’ont pas joui constamment non plus du même degré de faveur. L’espèce de déchéance dans laquelle on les a vu tomber, pourroit bien avoir aussi sa source dans l’immense consommation qui s’en fait, non en nature de vin proprement dit ; mais après sa conversion en eaux-de-vie, et sur-tout en vinaigre. Sous ces dernières formes, les produits des vignobles de l’Orléanois sont recherchés des nationaux et des étrangers avec tant d’empressement, que beaucoup de propriétaires auront sans doute trouvé peu d’intérêt à maintenir leur ancienne réputation comme vin. Elle a fait dire autrefois à l’auteur du siège de Thèbes :

Et mil muids de vin Orléanois
Aine millor ne but queus ne rois.

Et Louis le Jeune, écrivant de la Terre Sainte à Suger et au comte de Vermandois, régens du royaume pendant son absence, leur prescrit de donner à son cher et intime ami Arnould, évêque de Lisieux, soixante mesures de son très-bon vin d’Orléans. On présume que ce prince parloit du vignoble de Rébréchien devenu depuis Henri, une possession des rois de France. Champier dit dans un ouvrage déjà cité, que les habitans de l’Artois et du Hainaut recherchoient les vins de Beaune, mais que les autres habitans de la Flandre leur préféroient ceux de l’Orléanois. l’Hercule Guépin, poëme plus que médiocre composé sur les vins dont nous parlons, indique comme premiers crus de ce vignoble, Bouc, Cambrai, Chéci, Combleux, Coudrai, Fourneaux, la Gabillère, Lécot, Louri, Marigni, Maumenée, Olivet, Ponti, Samoi, Saï, Saint-Martin, Saint-Mémin, Saint-Hilaire et Saint-Jean de Braies. On lit dans la liste des vins de France, publiée par l’abbé de Marolles[1] au passage sur l’Orléanois, Génetin, Saint-Mémin et l’Auvernat si noble qu’il ne peut souffrir l’eau, quoique d’ailleurs il soit généreux. Boi-

  1. Voyez sa traduction de Martial. Voici l’ordre dans lequel ce traducteur rapporte les noms des principaux vignobles de France : pour l’Auvergne, Thiers et la Limagne ; pour le Berri, Aubigni, Issoudun, Sancerre et Vierzon ; pour le Blaisois, St.-Dié, Vineuil et les Grois de Blois (Prépateur et Châteaudun y sont omis mal-à-propos) ; pour la Bourgogne, Auxerre, Beaune, Coulanges, Joigni, Iranci, Vermanton et Tonnerre ; pour la Champagne, Aï, Avenai, Chabli, Epernai et Jaucourt ; pour le Dauphiné, l’Hermitage ; pour la Franche-Comté, Arbois ; pour la Guyenne, Bordeaux, Chalosse, Grave et Médoc ; pour l’Isle de France, Argenteuil, Ruel, St.-Cloud, Soissons et Surène ; pour le Languedoc, Frontignan, Gaillac, Limoux ; pour le Nivernois, Pouilli et la Charité ; pour la Normandie,