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de venir communiquer à Turgot le résultat de ses observations. Mais celui-ci étoit déjà disgracié, et son successeur n’ayant ni son génie, ni la volonté de faire le bien, abandonna, suivant l’usage, tous les projets que ce ministre philosophe avoit si sagement conçus[1].

Rozier qui n’avoit encore rien fait pour sa fortune, se trouva de nouveau presque assiégé par le besoin. Toutes ses ressources consistoient dans le modique produit du Journal de Physique qu’il avoit commencé en 1771, mais qui n’étoit point encore très-répandu. Heureusement ses efforts pour faire de cette entreprise un monument aussi utile à sa gloire qu’à ses intérêts reçurent de l’Europe savante toutes sortes d’encouragemens. Les hommes les plus célèbres s’empressèrent de lui envoyer le tableau de leurs découvertes, le développement des procédés qui les y avoient conduits ; et le Journal de Physique fut bientôt placé dans les bibliothèques à côté des Mémoires de l’Académie des Sciences.

Il avoit été conduit à l’idée de ce recueil en réfléchissant sur le peu de communication qui règne entre les académies étrangères et nationales, sur la lenteur des progrès que font les sciences par cette communication lente et tardive, sur l’inconvénient qu’il y a de s’occuper d’une matière éclaircie par des travaux déjà publiés, et qu’on ignore ; enfin sur l’utilité incontestable d’avoir toujours sous les yeux le tableau actuel des connoissances physiques et le terme où elles sont restées. Il s’étoit fait

  1. On a trouvé dans les papiers de Rozier, beaucoup de Notes et de Mémoires sur la Corse. Il serait à souhaiter que ces Manuscrits, acquis par le gouvernement, fussent déposés à la Bibliothèque nationale ; on y puiserait des vues utiles pour l’agriculture et le commerce de cette isle intéressante sous tous les rapports. Mademoiselle Rozier les a confiés au citoyen Faure son beau-frère, qui réside à Paris.