Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/23

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neroit les vertus de la primitive église. Qu’il me soit permis, pour peindre son dévouement dans cet emploi, étranger jusqu’alors à ses goûts et à ses études, de me servir des propres paroles d’un témoin oculaire, de son ami intime (le cit. Gilibert), dont le récit est plein de douleur et d’attachement.

« Pendant le malheureux siège de Lyon, toujours soumis à ses principes, convaincu que ses concitoyens ne songeoient qu’à résister à l’oppression la plus inouie, et à rendre à la représentation nationale sa liberté et son intégralité, sans se mêler de l’administration civile à laquelle il n’étoit pas appelé, on l’a vu ferme et intrépide, vaquer sans relâche à ses fonctions de pasteur, porter des secours et des consolations dans tous les quartiers de sa populeuse et pauvre paroisse, exposer chaque jour, chaque heure, sa vie à travers les bombes, les obus et les boulets rouges ; on l’a vu confondu avec les autres citoyens, passer des nuits entières sur les toits des maisons enflammées, tendre une main secourable aux femmes et aux vieillards et les retirer des flammes. Quel est le Lyonnois qui ne se rappelle en versant des larmes, ce trait qui caractérise seul son tendre attachement pour les malheureux ? Une bombe éclate dans une maison de sa paroisse ; bientôt tout est embrasé. On ne trouve d’autre moyen de sauver ceux qui l’habitent qu’en posant des échelles d’une maison à l’autre ; le pasteur les traverse plusieurs fois d’un pas intrépide, emportant les enfans entre ses bras ». Quelques jours après, Rozier n’existoit plus : il fut écrasé dans la nuit du 28 au 29 septembre 1793, par une bombe qui éclata sur son lit[1]. Ainsi périt, à l’âge de

  1. Le citoyen Parmentier de l’institut national, l’ami et le collaborateur de Rozier, a consigné ce funeste événement dans le