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point sensible à cette perte ; mais le séjour de Béziers lui devint si insupportable qu’il se retira la même année à Lyon. Il est difficile d’exprimer quelle fut sa joie, lorsque son domaine fut vendu. L’injustice que l’on fait, écrivoit-il à un de ses amis, le motif odieux qui l’occasionne, l’ame navrée de chagrin, la noirceur et la bassesse de quelques habitans de ce pays ; tout en un mot faisoit de moi un vrai automate. Enfin j’ai vendu mon domaine, et depuis ce moment je respire, je suis à moi, à vous, et à tous mes amis : auparavant je n’existois pas.

Il acheta à Lyon une maison avec un enclos assez considérable pour y continuer ses expériences. Là, au milieu de ses amis, entouré de sa famille, ayant avec lui deux de ses sœurs et une nièce, il vivoit heureux, s’occupant à mettre la dernière main aux articles qui devoient terminer le Cours d’Agriculture, et à faire des notes pour une édition d’Olivier de Serres.

Ses compatriotes l’avoient reçu avec une espèce d’enthousiasme. Les Sociétés savantes s’empressèrent de le recevoir dans leur sein. On lui confia la direction des pépinières publiques. Il les enrichit de plantations utiles, il y fit des réformes salutaires, et refusa les appointemens attachés à cette place. Le Bureau des Collèges créa en sa faveur une chaire d’Agriculture. L’article Vers à soie du neuvième volume de son dictionnaire est extrait des leçons qu’il y donna en 1791.

Enfin les événemens de la révolution auxquels un ami des hommes ne pouvoit être indifférent, l’interrompirent dans ses travaux agronomiques. Le vœu unanime d’une grande paroisse l’avoit appelé à remplir les fonctions honorables et pénibles de pasteur. Il accepta sans répugnance, persuadé que la réforme introduite alors par la Constitution civile du clergé ramè-