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comme cause secondaire, mais très-puissante de la température.

Les vins de Perpignan, de Collioure, de Rivesaltes sont assez connus. Placés dans le ci-devant Roussillon, ils se trouvent entre le 41 et le 42e. degré de latitude. Le raisin y parvient à une telle maturité qu’il en résulte, à volonté, des vins de liqueur. Le département de l’Arriège, le ci-devant pays de Foix, est contigu à celui des Pyrénées ; et le vin qu’on y récolte, bien loin d’être un vin de liqueur, n’est pas même passable pour l’ordinaire de la table. À quelle cause attribuer des qualités si diverses dans les produits de deux territoires si rapprochés, sinon à la base du terrein et aux abris ? Les vignobles du Roussillon ont à l’est et au sud-est la Méditerranée. Aucune élévation remarquable dans le terrein ne contrarie, vers ces points, la direction des rayons solaires : ils en sont également frappés dans toute leur étendue. Ils ont au midi le commencement de la chaîne des Pyrénées ; une contre-chaîne de montagnes de seconde ou de troisième origine, forme autour d’eux une espèce d’enceinte de l’ouest au nord-ouest ; de sorte qu’ils sont à couvert, d’une part, des chaleurs brûlantes du midi plein ; et de l’autre, de toutes les émanations froides et humides qui pourroient les atteindre par le nord et le nord-ouest. Les vignes de l’Arriége, au contraire, sont entièrement ouvertes de ces deux côtés ; elles sont privées de la chaleur vers le soleil levant, par les mêmes montagnes qui protègent celles du Roussillon, du côté du nord et de l’ouest. De plus, le vent d’est, très-fréquent dans ces contrées, leur porte et répand sur elles tous les principes de froidure dont ils se pénètrent en traversant les sommets constamment neigés de cette partie des monts Pyrénées. Tels sont les effets des abris et des différentes positions des montagnes dans la même latitude, et, pour ainsi dire, sur le même territoire.

Le célèbre cultivateur anglais, Arthur Young, a inséré dans son voyage agricole en France, ouvrage qui contribuera plus, quoiqu’on en dise, et malgré les erreurs qu’il contient, au progrès de notre agriculture, que les trois quarts de ceux que nous possédons sur cet art ; parce qu’à force de nous répéter le sens de ce vers de Virgile :

O fortunatos nimiùm sua si bona norint.


« ils seroient trop heureux, s’ils connoissoient tous leurs moyens de prospérité », nous commençons enfin à le comprendre ; Arthur Young a inséré dans son ouvrage, une carte dans laquelle il a ingénieusement tracé trois lignes, du midi au nord, dont chacune indique la limite de la culture de trois familles de végétaux très-précieux à l’économie rurale : l’olivier, le maïs et la vigne. La ligne de démarcation de la culture de la vigne part de Guérande, vers les confins de la ci-devant Bretagne, et se prolonge obliquement, en passant à quatre ou cinq lieues au nord-ouest de Paris, jusqu’à