Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/287

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brumes, ou à empêcher leur prompte vaporisation, comme ceux que nous avons cités plus haut, le cultivateur ne vit que de craintes et d’anxiétés, parce qu’en effet les premiers rayons du soleil levant sont les agens des désastres de la gelée. Cette exposition peut donc être préférée à toute autre, vers nos contrées méridionales, où la base du terrein et les circonstances locales répondent, en général, à la latitude ; mais elle ne peut être indifféremment adoptée par-tout. En approchant du nord, l’aspect du midi semble convenir davantage à la vigne, du moins sous le rapport de sa conservation. Le soleil, pendant les premières heures du jour, ne porte ses rayons sur elle qu’obliquement ; leur effet suffit pour évaporer la rosée, pour sécher la plante ; elle n’est pénétrée par la chaleur qu’insensiblement ; et quand celle-ci est parvenue à son plus haut degré diurne d’intensité, la première cause du mal à redouter, l’humidité, a, depuis assez long-tems, cessé d’exister. On seroit embarrassé, peut-être, pour citer un aussi grand nombre de vins délicats produits à cette exposition, qu’à celle de l’est et du sud-est ; cependant il en est, puisque les côtes de Dizi, de Mareuil, d’Hautvillers, d’Aï, etc., ont le plein midi pour aspect. L’exposition au couchant convient à si peu de localités, qu’il est à peine nécessaire d’où parler, l.a vigne y reçoit les vents les plus fâcheux, ceux du nord-ouest. Le soleil n’y fait sentir ses rayons qu’au moment où sa foiblesse les rend sans effet. S’ils agissent encore sur la sève, ce n’est que pendant quelques heures seulement ; la nuit vient bientôt effacer jusqu’à la trace de leur impression. De plus, l’évaporation de l’humidité ne commence que très-tard, à cet aspect : la condensation de l’air y maintient les vapeurs dans la basse région ; la vigne s’y trouve constamment plongée dans une atmosphère nébuleuse, et ses fruits ne mûrissent jamais.

Après les collines à pentes douces, à sommets arrondis, et celles qui, terminées par un plateau, présentent un cône tronqué, on a recours, pour planter la vigne, aux coteaux plus élevés ; car l’homme ne rencontre pas par-tout les choses ou les formes qui conviendroient le plus à ses besoins, ou qui agréeroient davantage à ses caprices. Les pentes les moins rapides sont à préférer, parce que les travaux de la culture y sont moins pénibles ; que les ravins s’y forment moins facilement ; et que les éboulemens y sont plus rares. Le sol des coteaux est plus inégal que celui de tout autre site ; plus ils ont de rapidité, plus les inégalités de la terre sont frappantes. La pluie, dont l’action tend sans cesse a combler les vallées, en affaissant les cimes, entraîne sur le milieu, et ensuite vers le bas, tout l’humus dont elles étoient revêtues avant le défrichement, de manière à laisser souvent le tuf à découvert. Aussi, la plupart de ces hauteurs, même celles plantées en vignes, offrent-elles l’aspect de