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leur mélange avec les quartz, les cailloux et les gros graviers. Les rayons du soleil pénètrent ces pierres, elles s’approvisionnent, en quelque sorte, de chaleur pendant le jour, et la dispensent aux plantes pendant la nuit. Ce n’est pas tout : dans une terre excessivement poreuse, elles servent encore, par l’effet de leur poids et de leur masse, à modérer la trop prompte évaporation de l’humidité.

Au reste, c’est plus par leurs productions végétales que par tout autre moyen qu’on peut connoître les qualités du sol et la température du climat. Par-tout où le cultivateur verra prospérer, entr’autres, le figuier, ficus carica, l’amandier à noyau tendre, amygdalus communis ; où il verra le pêcher, amygdalus persica, donner de beaux et de bons fruits, sans le secours de la greffe, il pourra conclure que la terre et l’exposition où croissent ces plantes seront favorables à la culture de la vigne.


Section II.

De la préparation du terrein ; du choix des plants ; de leur espacement, et des différentes manières de planter.

Le cultivateur, après avoir fixé son choix sur Une pièce de terre analogue à celles dont nous venons de parler, par la nature de son grain, par sa position, et par les abris qui doivent la protéger contre tous les genres d’intempérie, s’occupera, non pas seulement de la défricher à la charrue, à la houe, ou à la bêche, mais de la défoncer, et d’en retourner la terre jusqu’à un décimètre au-dessous du point sur lequel reposera chaque base de son plant. Plus le terrein est sec, plus on approche du midi, et plus le défoncement doit avoir de profondeur ; d’une part, parce que l’humidité est nécessaire à la formation ou à la reprise des racines ; de l’autre, parce, que les racines y doivent être plus multipliées et les plants plus espacés que vers les contrées septentrionnales ; mais il faut que la vigne trouve par-tout une terre meuble, divisée, et que ses racines puissent aisément pénétrer. À proportion que le défoncement s’exécute, on dégage le terrein des pierres les plus grosses ; on les réunit en petits tas à la surface du sol, pour en former ensuite des terrasses de deux mètres de largeur, si la rapidité de la pente est telle qu’il faille employer ce moyen pour soutenir les terres, comme à Côte-Rôtie, et s’épargner le travail excessivement pénible, de reporter annuellement à la cime celles qui auroient été entraînées au bas de la montagne. On peut encore employer ces pierres à former un mûr de clôture à pierres sèches ou liées, selon leurs formes ou leurs dimensions ; car nous proscrivons de nos vignobles, non-seulement les arbres épars, de quelque nature qu’ils soient, parce qu’ils préjudicient aux ceps par leur ombrage, par leurs racines et par l’humidité qu’ils conservent autour d’eux ; mais nous en éloignons spéciale-