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ment à la qualité et à l’époque de leur maturité.

On peut séparer les plants des ceps, dès que le bois de l’année a acquis sa maturité : ce qu’on reconnoît par le dépouillement de ses feuilles, par le resserrement de ses fibres, par la diminution de son volume, par une sorte de sécheresse dans la moelle, qui annoncé la cessation de tout mouvement apparent de la sève. Le bois est mûr presque par-tout, vers la fin de l’automne ; et l’on peut dès-lors s’occuper de la plantation dans nos départemens méridionaux ; Si on y attendoit le printemps, il arriveroit souvent que les jeunes individus, ne trouvant pas autour d’eux l’humidité nécessaire, ou pour la formation de la sève, ou pour donner de l’impulsion à celle qui est restée inerte en eux, languiroient d’abord et succomberoient aux premières chaleurs qui se feroient sentir. L’hiver est rarement assez rigoureux dans ces contrées, pour que, même dans cette saison, il ne s’établisse pas vers l’extrémité inférieure des brins plantés, une sorte de mouvement qui, s’il ne donne pas naissance à des racines apparentes, les dispose du moins à en produire d’une manière presque spontanée, dès les premiers beaux jours.

Vers le nord, il en est tout autrement. Planter avant l’hiver, c’est risquer de faire un travail inutile ; l’humidité pourrit la partie enterrée des plants ; et les deux yeux qui doivent excéder la surface du terrain, reçoivent quelquefois de telles atteintes des gelées, qu’ils ne peuvent plus se développer en bourgeons. Le commencement du printemps est l’époque qu’on préfère pour y planter la vigne. Nous serions peut-être d’avis qu’on renvoyât au même temps la formation des crossettes, si, de remettre tous les travaux aux mêmes époques, n’étoit le vrai moyen de n’en bien exécuter aucun.

En supposant qu’on soit forcé de tailler les boutures, long-temps avant d’en pouvoir faire usage, il ne faut pas négliger les moyens de les conserver jusque-là fraîches et saines. Les crossettes en boutures étant liées en petits faisceaux, et chacun de ceux-ci portant l’étiquette qui doit servir à constater son espèce ou sa race quand il s’agira de planter, on les transporte à la cave, où on les enfouit dans du sable un peu humide ; les deux ou trois nœuds de la partie supérieure restant à l’air. On se contente, dans quelques vignobles, d’ouvrir, dans un terrain sec, quelques tranchées de quatre ou cinq décimètres de profondeur ; leur largeur et leur longueur sont indifférentes ; il suffit de les proportionner au volume qu’elles doivent contenir. On y couche le plant ; on donne à chaque lit l’épaisseur d’un décimètre, et on le couvre ensuite avec la terre tirée du fossé. Si on y range les boutures, de manière à ce qu’elles soient isolées les unes des autres, et qu’elles ne se touchent, pour ainsi-dire, par aucun point, on remarquera avec plaisir, en les tirant de terre un peu tard, au