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commencement de floréal, qu’il est déjà sorti plusieurs petites racines des yeux du gros bout. Il est rare qu’un plant ainsi préparé, et dont la plantation est soignée, ne réussisse pas. Avant de décrire les diverses méthodes dont on se sert pour mettre les plants à demeure, nous parlerons avec quelque étendue de l’une des circonstances les plus importantes de la plantation, de l’espacement des ceps.

Nos principes, à cet égard, sont opposés à ceux des œnologistes français qui nous ont précédé, à ceux entr’autres que publia M. Maupin en 1763, dans un ouvrage, assez connu des cultivateurs, intitulé Nouvelle méthode de cultiver la vigne, etc. Cet écrivain ne consulte ni la différence des climats, ni la variété des terres, ni la nature des espèces ; il établit en principe que « la vigne étant une plante vivace dont les racines s’étendent et s’allongent considérablement, il estime qu’en quelque sorte que ce soit, on ne peut mettre les ceps à moins de quatre pieds de distance, en tout sens, les uns des autres. Dans les terres fortes, ajoute-t-il, sur-tout dans celles qui sont humides, je les aimerois autant à cinq qu’à quatre. Il est évident 1°. que par-tout, dans tous les pays et dans toutes les terres, le grand espacement des ceps emploie beaucoup moins d’échalas que si les vignes étoient plus serrées et épaisses, comme elles le sont généralement : ce qui est un premier objet d’économie ; 2°. que la culture des vignes espacées est beaucoup plus libre que si elles ne l’étoient pas ; 3°. que les ceps espacés doivent être beaucoup plus forts, plus robustes que ceux qui ne le sont pas, et de là, qu’ils ont besoin beaucoup moins souvent d’être provignés et fumés : ce qui est un second objet d’économie ; 4°. que l’espacement, qui donne des ceps plus vigoureux dans une espèce de terre, doit les donner aussi plus vigoureux dans toutes les autres, et que, quoique la vigueur soit plus ou moins grande, à raison des différentes qualités des terres, elle est cependant toujours beaucoup plus considérable que si les ceps étoient bien moins écartés : c’est une vérité qui ne peut être contestée, et de laquelle résulte, clair comme le jour, la convenance générale de l’espacement des ceps ou de ma nouvelle méthode, pour toutes les terres sans exception. J’ai donc eu raison de dire que ma nouvelle méthode de cultiver la vigne, dans laquelle les ceps sont beaucoup plus écartés que dans l’usage ordinaire, convient à toutes les terres et à tous les pays, puisque les effets et les avantages en seront incontestablement par-tout les mêmes ».

Il est impossible, je pense, d’énoncer un plus grand nombre d’erreurs, en aussi peu de lignes. S’il étoit question de plantes forestières ou de nos grands arbres fruitiers indigènes, on pourroit ne pas raisonner autrement. S’il ne s’agissoit que d’obtenir beaucoup de bois,