Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le froid et les intempéries, régime si contraire au perfectionnement, au développement et, en général, à l’éducation des bestiaux.

Le bien et le mieux sont entre ces deux extrêmes : tous les hommes sensés en conviendront ; mais tel a été et tel sera toujours le sort de l’agriculture en France, tant que, d’un côté, ceux qui par leurs lumières pourroient heureusement innover, se borneront à des conseils, et qu’ils en abandonneront la pratique à des hommes ignorans et mercenaires ; et que de l’autre, l’ignorance, les préjugés, les abus de tout genre, la misère ou le défaut d’aisance obséderont ou accableront les hommes des campagnes.

Ne pouvant donc pas dans l’état où se trouve l’agriculture, et d’après toutes les circonstances qui la dominent, faire faire quelques pas rétrogrades, sur-tout en ce qui concerne une méthode consacrée depuis plusieurs siècles : il faut se borner à dire ce qui paroît le plus utile pour l’état présent, et attendre du tems, de l’intérêt, et sur-tout de la protection du gouvernement des changemens et améliorations.

Le domaine de l’agriculture française, par rapport aux bestiaux, peut être considéré sous trois grandes divisions.

La première, celle des pays à petite culture.

La seconde, celle des pays à grande culture.

La troisième, celle de tous les endroits où on entretient des bestiaux pour divers usages autres que pour la culture, et pour d’autres fins que celles relatives à leur éducation. J’appelerai cette troisième, la division des animaux domestiques.

§ Ier. Des bestiaux dans les pays de petite culture.

On élève une très-grande quantité de bestiaux dans les pays de petite culture ; le fourage verd pris dans les champs, pendant huit à neuf mois de l’année est leur nourriture habituelle. À l’entrée de l’hiver, on remet tous les troupeaux dans les étables où ils sont nourris avec du foin ou de la paille, ou avec du foin et de la paille mélangés.

Les uns restent constamment à l’écurie, tels que les chevaux et les bœufs de trait, sur-tout dans les pays où ces derniers sont d’une grande taille. Les autres bestiaux, tels que les vaches, génisses, taureaux, même des bœufs de traits et des bêtes à laine, vont tous les jours aux champs : cet ordre de choses varie, selon quelques localités ; mais tel est, en général, l’ordre qui y est observé.

Dans les contrées méridionales et du centre où sont de riches prairies, et en général, par-tout où on bat les grains au soleil immédiatement après la moisson, on n’y fait presque aucun usage de la paille comme fourage. Aussitôt que le blé est battu, on relègue les pailles dans des coins de grange ou dans les cours exposées à la pluie ; les longs et rudes hivers qui font souvent consommer tous les foins, avant le retour de l’herbe des prairies, et qui forcent de recourir à la paille, n’ont pas encore servi à désabuser les cultivateurs si éloignés d’apprécier la paille