Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/304

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son essor naturel, Ce n’est qu’ainsi qu’on peut parvenir à mettre des bornes au nombre infini de leurs trachées et de leurs canaux d’aspiration, de fixer ou de concentrer autour d’eux la chaleur nécessaire ; à la maturité de leur fruit. Enfin, en les multipliant eux-mêmes, on multiplie les abris qui peuvent les garantir de la gelée. En supposant qu’en Roussillon, en Provence, en Languedoc, on dût, sauf les exceptions dont nous avons parlé, les espacer, par exemple, de deux mètres, cette distance, en Guienne, pourroit être restreinte de plus d’un quart ; en Touraine de moitié ; aux environs de Paris des trois quarts, et que vers Reims, Soissons, Laon, ce fût assez ; de les éloigner l’un de l’autre de trois à quatre décimètres. Les règles particulières à cet égard ne peuvent être prescrites que par l’expérience, par l’étude des localités, Au nord, comme au midi, on rencontre des sites plus ou moins heureux, des veines de terre plus ou moins favorables qui, ayant une grande influence sur la température, doivent guider le cultivateur dans la résolution qu’il prend. Mais ses connoissances ne doivent pas se borner à celles du lieu ; elles doivent s’étendre à la nature de chaque race de vigne dont il se propose de former sa plantation, afin de les placer d’une manière conforme à son intérêt. Le cépage qui mûrit le plus difficilement est toujours celui qui annonce le plus de vigueur dans sa végétation : il doit être planté dans la partie la moins féconde du coteau. Les espèces ou variétés blanches mûrissant constamment les dernières, n’occuperont jamais le bas de la pente ; elles y pourriroient avant de mûrir. Réservez cet emplacement à la race qui annonce le moins de force végétative, à celle qui est plus recommandable par la qualité que par le volume et par l’abondance de ses fruits : elle abusera moins que toute autre de la bonté du terrain auquel vous l’aurez confiée.

La plantation de la vigne s’exécute de trois manières ; soit en formant un trou avec le rhingar, le plantoir de fer ou la taravelle ; soit en creusant des fosses isolées, soit en ouvrant dès tranchées ou rayons parallèles d’une extrémité à l’autre du champ. La nature du terrain et la forme de sa surface indiquent celle qui doit être préférée. Dans les roches tendres, sur les coteaux escarpés, pierreux, graveleux, ou caillouteux, la taravelle est le seul instrument dont on puisse faire usage. La description qu’en donne Olivier de Serres est très-exacte : « Cet instrument ressemble aux grands tarraires des charpentiers. Il est composé d’une barre de fer longue de trois pieds et grosse comme le manche du noyau, le bout entrant en terre estant arrondi en pointe, bien forgé et acéré : l’autre regardant en haut, est attaché à une pièce de bois trauersante, faisant le tout la figure d’un T, pour le tenir avec les mains ; et afin que la taravelle n’enfonce trop dans terre ; mais juste-