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ment elle y entre selon la résolution que vous aurez prise d’y enfoncer le complant, un arrêt sera mis à la pièce de fer entrant dans terre et l’endroit remarqué à cette cause ; lequel arrêt étant aussi de fer servira en outre à y mettre le pied dessus pour, pressant en bas, aider aux mains à faire entrer la taravelle dans terre, au cas qu’on la rencontre dure et forte ».

L’ouvrier, pour ouvrir le trou destiné à recevoir la fossette, doit diriger la taravelle de façon que les ceps en s’élevant contractent une inclinaison un peu contraire à celle du terrein. La distance qu’on s’est déterminé à laisser entre eux, doit régler la profondeur de la plantation ; car pour être conséquent dans un système de culture, il faut chercher à faire correspondre le volume et la quantité des racines avec ceux des branches. Il est possible qu’à une température très-favorable à la vigne, il soit avantageux d’enfoncer les plants jusqu’à quatre ou cinq décimètres, et qu’ailleurs il suffise de l’enterrer à deux et demi ou à trois. Quoiqu’il en soit, on le taillera de manière à ce qu’il n’en reste hors de terre qu’un ou deux nœuds ; plus on lui laisseroit d’élévation, et plus on l’exposeroit à l’effet des intempéries. C’est toujours du nœud le plus voisin de la surface de la terre que part la tige. Si quelque cause le détruit ou l’empêche d’épanouir, il suffit de découvrir avec le doigt l’œil inférieur qui l’avoisine, et celui-ci le remplace aussi-tôt.

Le vigneron porteur de la taravelle est aussi pourvu d’une mesure qu’il applique d’un trou à l’autre, pour les ouvrir à la distance prescrite par le maître ; et il suit dans son opération les lignes parallèles qui, d’avance, auront été tracées au cordeau, et de manière que la plantation présente un quinconce parfaitement régulier. Cette forme laisse plus libres que toute autre, les mouvemens des ouvriers, soit qu’ils taillent, qu’ils palissent, qu’ils labourent ou qu’ils vendangent ; elle donne aussi plus de facilité pour transporter, étendre et égaliser les engrais.

À mesure que chaque trou est formé, un second ouvrier qui suit le premier, tire chaque brin du vaisseau plein d’eau où il a séjourné depuis sa formation, si elle est récente, ou depuis son extraction des fossés, si elle est ancienne, et l’introduit dans ce même trou. Une troisième personne l’y assujettit, non en piétinant selon l’usage ordinaire, mais en remplissant le surplus de l’ouverture de quelques poignées de terreau ou de terre végétale, il ne s’agit pas de donner aux parois de ces trous la dureté d’une muraille ; mais seulement d’empêcher la formation ou détruire les interstices qui sépareroient les molécules de la terre autour du plant. Quelques cultivateurs jaloux de ne négliger aucun des moyens propres à assurer le succès de leur plantation, font répandre dans chaque trou un peu d’eau de mare ou mieux encore de jus de fumier. Il affaisse convenablement la terre et la rappro-