Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/311

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tive à la chaleur de son climat, il est évident qu’il doit tendre au même but dans le sens de leur élévation. On ne peut avoir d’autre objet, dans cette opération, que de chercher à augmenter la chaleur en raison du besoin qu’on en a pour produire la maturité du raisin. Plus le raisin est rapproché de la surface de la terre, (pourvu toutefois qu’il ne soit pas en contact avec elle ; car cette circonstance lui fait perdre toutes ses qualités,) plus il est rapproché de la terre, plus est sensible la réverbération, plus est forte la chaleur. Sur un plan très-incliné, dans les pentes très-escarpées, on peut donner plus de hauteur et plus de distance aux ceps que sur un sol uni ou modérément incliné, parce que la coupe presque verticale du teirrein réfléchit horizontalement les rayons, à peu près comme les murailles sur lesquelles on espalie. On pourroit objecter, que plus les grappes sont près de terre, et plus elles sont exposées aux gelées. Cela est vrai ; mais la gelée est un malheur, un malheur accidentel ; il est commun à toutes les plantes exotiques, que l’intérêt nous porte à cultiver en plein champ. Il est quelques moyens préservatifs qu’il ne faut pas sans doute négliger d’employer ; mais celui-ci ne peut être de leur nombre ; car, enfin, il nous faut tendre à obtenir, avant tout, une maturité constante ; et nous ne pourrions l’espérer dans plus de la moitié de nos vignobles, si nous voulions y faire usage d’un tel expédient. Il paroit que trois sortes de vignes peuvent s’accommoder de nos divers climats de France. On peut les désigner sous les noms de vignes moyennes, vignes basses et vignes naines. Les premières conviendroient parfaitement à la température de nos provinces méridionales, en les bornant à la hauteur d’un mètre cinq ou six décimètres, y compris les bifurcations ou mères branches. Les secondes, qui ne doivent pas s’élever jusqu’à un mètre, se plaisent et réussissent dans nos vignobles du centre, et nos départemens septentrionaux, où la culture de la vigne est introduite, ne peuvent admettre que la vigne naine. Nous supposons toujours qu’il peut y avoir par-tout des exceptions, fondées sur des causes locales, ou sur la nature de certains cépages. Il appartient à la sagacité du cultivateur de saisir ces différences et de les faire tourner à son profit.

Si les brins qui ont formé une nouvelle plantation ont été bien choisis, si la culture en a été soignée, les deux yeux qu’on a laissés apparens pousseront, dès la première année, chacun un sarment. Ce nouveau bois a-t-il de la consistance ? est-il proportionné à celui du maître brin qui l’a produit ? est-il mûr ? on peut déjà le tailler. Dans le cas contraire, attendez que la végétation de sa seconde année lui ait donné plus de force. Nous n’avons point à redouter encore la multiplicité, des organes qui aspirent, puisque nous n’aurons de long-tems que du bois à espérer.

La taille a pour objet sur la vi-