Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/312

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gne faite ou en rapport, d’empêcher la dissémination de la sève et la formation d’une quantité infinie de sarmens, de brindilles, de chiffon es et de feuilles qui sortiroient en foule de tous ses yeux, étendroient la surface de chaque cep d’une manière démesurée et multiplieroient au delà de toute proportion ses facultés d’aspiration. En le débarrassant du bois qu’on appelle superflu, on concentre la sève dans une partie des sarmens qu’on juge les plus propres à produire de beaux, de bons fruits, des fruits mûrs. Par la même opération, sur la vigne qui est encore dans l’enfance, on emploie toute la sève à nourrir le brin qui doit être converti en souche et devenir une tige capable de produire le nombre de bras ou de mères branches relatif à la hauteur et au volume qu’on se propose de laisser prendre au cep.

La première taille de la vigne n’entraîne aucun embarras ; elle est facile : Il ne s’agit que d’enlever en entier le jet le plus élevé des deux yeux mis à découvert dans la plantation, et de rogner le second près du tronc, immédiatement au dessus du premier œil. L’année suivante, si la vigne est destinée à devenir une vigne moyenne, on taillera sur trois sarmens, et on enlèvera les autres ras de la souche ; si elle ne doit être qu’une vigne basse, on ne laissera subsister que deux flèches ou coursons. Un seul suffit à la vigne naine, et c’est sur le sarment le plus bas qu’il doit être formé. Dans tous les cas, on ne laisse sur chaque flèche que l’œil le plus voisin du tronc. À la troisième taille, on donne un bourgeon de plus à chaque tête ; et le nombre des têtes ou mères-branches doit être ménagé de manière que la vigne moyenne en ait au moins trois et rarement plus de quatre ; même quand elle est parvenue au plus haut point d’élévation qu’on veut lui prescrire. Deux mères-branches suffisent à la vigne basse, et ce n’est jamais que du tronc ou de la souche que doivent partir immédiatement les sarmens à fruit ou les flèches de la vigne naine, préférant toujours les plus bas, mais de façon que les raisins ne touchent pas par terre. À quatre ans, la vigne bien plantée a déjà de la force ; elle commence à donner du fruit ; on peut tailler à deux yeux sur les deux ou trois sarmens le plus vigoureux. La cinquième taille demande encore quelques ménagemens particuliers ; coupez à deux yeux seulement sur le bois le plus fort ; bornez à un seul bourgeon le produit du sarment inférieur et ne laissez pas en tout au delà de cinq flèches. Le jeune plant est enfin devenu une vigne faite. Les mêmes principes qui ont dirigé jusqu’ici le cultivateur dans la façon de la taille, le guideront de même dans la suite, toutefois avec cette différence que les ceps ayant acquis plus de vigueur, il peut porter dans la taille non pas moins d’attention, mais une attention moins minutieuse. Nous, opérerons donc désormais d’après les principes qui nous ont guidés jusqu’ici ; mais nous n’oublierons pas qu’ils se modifient dans leur