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s’engorgent ; l’animal emploie à se frotter tout le temps qu’il mettroit à manger ou à se reposer ; exténué de fatigues, il se couche, et ne se relève que pour se frotter encore.

L’expérience, sans doute, ne trompe pas les paysans qui comptent sur les effets de l’herbe pour détruire ces insectes ; mais, qu’ils réfléchissent donc, ou du moins leurs propriétaires, que cet état retarde de plusieurs mois la santé et l’embonpoint, qu’ils recouvreroient peu de temps après leur arrivée dans les herbages ? Il ne faut donc pas hésiter de détruire ces terribles insectes ; aussitôt qu’on en voit, bouchonner, étriller hors des écuries, tous les individus qui en ont ; les bien laver avec une eau froide et légèrement salée, dans laquelle on aura fait infuser du tabac, et réitérer souvent cette opération. Le citoyen Huzard, bien connu de tous les cultivateurs éclairés, digne de leur confiance par son talent, comme artiste vétérinaire, m’a assuré avoir vu périr des bêtes à corne, qu’on avoit fortement lavées et frictionnées avec fine infusion, trop chargée de sel et de tabac. (Voyez l’art. Pou)

J’ai dit que les bestiaux des pays de petite culture subissoient le régime alternatif d’une nourriture en verd et en sec ; mais comme les uns sortent tous les jours, et que d’autres restent nuit et jour dans les étables, je vais parler du régime des uns et des autres, et des soins qui leur conviennent particulièrement.

§. II. Des bestiaux qui restent nuit et jour dans les étables, pendant l’hiver.

Bêtes à corne.

Il n’y a ordinairement que les bœufs de trait qui ne vont pas aux champs pendant l’hiver, et les premiers jour du printemps : le foin est leur nourriture habituelle : comme ils doivent servir aux premiers travaux à faire après l’hiver, ils sont assez bien soignés, c’est-à-dire, nourris ; car, comme les autres bêtes à corne, ils couchent sur un épais fumier, et sont très pressés dans les rangs : il est même des paysans assez brutes, pour les laisser à dessein dans leur ordure. N’est-il donc pas assez manifeste que cette moiteur continuelle, dans laquelle ils sont jour et nuit, altère leur vigueur, relâche les fibres, les rend délicats et sensibles ; qu’au lieu de voir leur force accroître avec l’âge, elle diminue au contraire, et qu’en les destinant à retourner dans les pâturages, à y passer les nuits, souvent très-froides, on les met à de trop rudes épreuves, et que nécessairement ils doivent en souffrir et dépérir ?

La mise au verd des bœufs de travail, exige des précautions essentielles, il importe de les disposer peu à peu, soit en leur donnant du fourrage verd dans les étables, mêlé avec un peu de foin, soit en les envoyant dans un pâturage pendant quelques heures du jour, et en leur donnant en outre quelques mesures de grains : en s’y prenant de cette manière,