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les différentes ramifications de la grappe.

On ne doit pas être surpris si la pourriture n’affecte qu’une seule partie du raisin ; et si on examine attentivement on verra sous ces grains pourris les galeries soyeuses de l’insecte, qui les attachent les uns aux autres.

Cet insecte est-il la cause de la pourriture ? Il l’occasionne, mais il n’en est que la cause secondaire. Dans les années chaudes et sèches, il n’y a point de pourriture ; plus l’automne est humide, plus la pourriture est complette. Dans les tems de pluie, les feuilles, les racines portent dans le raisin une sève trop abondante, trop délayée, trop aqueuse ; l’écorce sans cesse renouvelée, s’amincit, se ramollit et l’insecte la perce facilement. Dans les années sèches, au contraire, le grain est moins aqueux, l’écorce est plus dure, plus coriace et l’insecte ne peut le pénétrer. Quand le raisin est trop chargé d’humidité, on voit souvent une gerçure longitudinale s’étendre le long de l’enveloppe et la pulpe du grain est à découvert : alors le raisin pourrit aussi-tôt, parce que cette pulpe est exposée à l’air. C’est à tort qu’on attribue ce mal aux vers ; ils en profitent, il est vrai, pour vivre plus commodément ; mais ils n’en sont pas les auteurs, puisqu’ils ne creusent le grain qu’autant qu’il le faut pour pouvoir s’y introduire, aller butiner, entrer et sortir à leur aise, mais le trou est toujours rond. On doit distinguer ce trou de celui que font les oiseaux quoiqu’il soit également rond. Celui que font les oiseaux est évasé, plus large à l’écorce que vers la base, et il est rare que la pourriture en soit la suite. L’oiseau ne coupe pas, ne mâche pas, mais il suce, il pompe le suc, et la quantité de la substance aqueuse étant diminuée, l’écorce s’allonge, va jusqu’au pépin où elle adhère alors, et le fruit se conserve. Les cerises, les grains de raisin becquetés sont même plus doux, plus sucrés, plus agréables que les autres, parce que ces animaux ont enlevé une grande partie de l’eau surabondante de la végétation, et que la substance muqueuse-sucrée s’est plus rapprochée. Il ne se fait point dans ces fruits une reproduction de nouvelle chair, mais un simple prolongement de la peau qui recouvre la chair.

Le sphinx elpenor se tient enfermé dans le grain pendant la nuit : pendant la rosée du matin, dans les tems froids on le voit quelquefois se promener au soleil sur le raisin ; mais au moindre bruit, au plus léger mouvement il se cache avec promptitude.

II. L’urbec et le becmore sont deux insectes très-nuisibles à la vigne. 1°. Le becmore à étuis rouges, rhinomacer niger, elitris rubris, capite thoraceque aurcis, probiscide longitudine serè corporis. Geoffroy, c’est le même que le curculio Bacchus de Fabricius. 2°. Le charançon nommé par Linné curculio betulœ, longi-rostris, thorace autrorsium sœpè spinoso, corpore viridi aurato, subtùs concolore. Ces deux charançons paroissent sur la vigne lorsque le