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forme d’emplâtre ; on assujettit cet appareil avec un gros fil ciré ; on le laisse subsister pendant un mois. Le point important est de soustraire la blessure au contact de l’air.

Les bévues des hommes, l’intempérie des saisons ne sont pas les seuls ennemis que la vigne ait à combattre. Plusieurs genres d’insectes lui font une guerre presque continuelle, sur-tout dans les régions septentrionales, parce que sa plupart ne résistent point aux fortes chaleurs des contrées du Midi. Les plus nuisibles de ces insectes sont le ver de la vigne, deux espèces de charançons, le gribouri, les hannetons, les limaçons.

I. Le ver de la vigne, sphinx elpenor. Il y a apparence que son œuf est déposé dans le tems que le grain est encore très-petit et très tendre, puisque la piquûre que l’insecte a faite pénètre jusqu’au pépin, et que le pépin même en est quelquefois profondément creusé ; mais pour l’ordinaire et presque toujours il en porte l’empreinte.

Le grain dans lequel le ver a été déposé, ne parvient pas à la même maturité que les grains voisins ; il mûrit à moitié et se desséche sans pourrir. L’endroit de la piquûre du papillon ressemble à une piquûre d’épingle extrêmement fine ; tous les environs sont légèrement bleuâtres ; la peau est lisse ; le dessous de cette peau, bleuâtre est calleux, dur ; la piquûre est au centre. L’œuf éclos et devenu ver se nourrit d’abord de la chair du grain, dont il sort en élargissant la piquûre qui ressemble alors à celle d’une grosse épingle. Ce ver aussi-tôt après sa sortie, se file de petits conduits semblables à des tubes qui ont des communications les uns avec les autres, pour se porter aux grains voisins de sa retraite, qu’il pique et dont il tire une nourriture plus agréable que celle du grain qui lui a servi de berceau, puisque les premiers approchent de leur maturité. Peut-être a-t-il besoin d’une nourriture plus acide dans les premiers jours de son existence, puisqu’il creuse un peu tout autour de lui et qu’il ne sort de son berceau que lorsque le raisin approche de maturité. Il est aisé de distinguer le grain qui a été son berceau, des grains dont il se nourrit ensuite. La piquûre de ceux-ci est toujours vers le pédoncule du grain, tandis que celle des premiers est placée sur la rondeur du grain. Peut-être que la peau trop tendre ne présente pas assez de prise aux petites serres de l’insecte ; mais que vers le pédoncule il trouve un retour, une espèce de goutière sur laquelle ses serres ont plus d’action.

On ne rencontre presque jamais cet insecte sur les raisins dont les grains sont très-espacés ; il est sans doute nécessaire que les grains soient serrés pour pouvoir étendre leurs soies, se ménager des communications. Peut-être est-ce aussi la raison pour laquelle ils attaquent le grain vers le pédoncule, ne pouvant se glisser entre les grains et par conséquent étant obligés d’établir leurs galeries dans