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beaux agneaux, on n’hésitera pas à leur donner soir et matin un peu de fourrage sec, ou au moins quelques poignées de grains ; qu’on fasse bien attention qu’une brebis languissante cherche presqu’indifféremment sa pâture ; elle prend la première herbe qu’elle trouve et si elle étoit soutenue par un peu de grain, elle erreroit plus loin et pourroit mieux choisir les herbes qui lui conviennent. S’il est une saison dans l’année où il soit absolument nécessaire de donner à manger dans la bergerie, c’est à l’époque du printemps, où l’herbe n’a pas encore assez de consistance.

§ II. Des Bestiaux mis au verd dans les pays de grande culture.

Les pays de grande culture présentent un aspect tout différent pour l’éducation et la tenue des bestiaux ; ils sont tributaires des pays à petite culture pour l’éducation des bestiaux, sur-tout pour les chevaux et les bêtes à laine. La culture des terres ne s’y fait que par des chevaux entiers ; depuis quelques années cependant, ou plutôt depuis les temps de réquisition, quelques cultivateurs se servent de jumens pour la culture des terres. Il seroit à désirer que cet usage devînt plus commun, puisqu’il est si authentiquement démontré que le labour et les charrois faciles sont favorables même aux jumens poulinières.

Il est très-rare également d’y voir des troupeaux de brebis, si on en excepte quelques fermiers voisins du pays de bocage et quelques possesseurs de troupeaux de bêtes à laine d’Espagne.

On n’y connoit point l’usage des bœufs pour la culture des terres.

Les vaches y sont presque toute l’année à l’écurie.

On y entend très-bien la manière, de nourrir les chevaux, on leur donne, il est vrai, de fortes rations d’avoine, mais ils consomment beaucoup moins de foin que de paille, ils sont ardens et vigoureux ; puisse ce fait, du moins, bien pénétrer les cultivateurs du centre et du midi de la république, de la grande utilité de la paille, comme fourrage.

Les chevaux de labour n’allant jamais paître dans les champs, étant toujours nourris au sec, ils ne peuvent avoir besoin du verd que quand ils sont malades, ou qu’ils ont été trop poussés au travail. La mise au verd peut avoir des effets d’autant plus salutaires, qu’ils sont presque tous issus de chevaux élevés dans les herbages, et que le retour au genre de vie de leur jeunesse, peut réellement produire les meilleurs effets.

Lors donc que des chevaux maigrissent, lorsqu’ils sont sans appétit, quand ils sont échauffés ou fatigués par le travail, il est utile de les mettre au verd pour les rétablir. On ne doit pas douter des effets salutaires du verd, en voyant l’instinct ardent d’un cheval vieux, malade et fatigué, pour rechercher l’herbe ; la fraîcheur et l’humide qu’elle répand dans ses veines, devroient bien déterminer à recourir plus souvent à un moyen aussi simple et aussi efficace.