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haute et peu large, qui n’étant frappée par le feu qu’à sa base, est brûlée en cette partie, avant que le dessus soit chaud : alors il s’élève des bulles du fond qui, obligées de traverser une masse de liquide plus froide, se condensent et se dissolvent de nouveau dans la liqueur. Ce n’est que lorsque toute la masse a été échauffée de proche en proche, que la distillation s’établit.

2°. L’étranglement placé à la partie supérieure de la chaudière, et le bombement qu’elle présente dans cet endroit nuisent encore à la distillation : en effet, cette calotte n’étant pas revêtue de maçonnerie, est continuellement frappée par l’air qui y entretient une température plus fraîche que sur les autres points, de manière que les vapeurs qui s’élèvent, se condensent en partie contre la surface intérieure et retombent en gouttes ou coulent en stries dans le bain, ce qui est en pure perte pour la distillation. Il arrive, dans ce cas, ce que nous voyons survenir journellement dans les distillations au bain de sable : les vapeurs qui s’élèvent, venant à frapper contre la surface découverte et toujours plus froide de la cornue, s’y condensent et retombent en stries dans le fond, de manière que la même portion de matière s’élève, retombe, et distille plusieurs fois ; ce qui entraîne perte de temps, dépense de combustible, et nuit à la qualité du produit qui s’altère et se décompose dans quelques cas. On peut rendre ces phénomènes très sensibles en rafraîchissant la partie supérieure d’une cornue au bain de sable, au moment où la distillation est en pleine activité : les vapeurs deviennent de suite visibles dans l’intérieur, et il se condense des gouttes contre les parois, qui ne tardent pas à couler et à se rendre dans la liqueur contenue dans la cornue.

En outre, l’étranglement pratiqué à la partie supérieure de la chaudière forme une espèce d’éolipyle où les vapeurs ne peuvent passer qu’avec effort. Ce qui nécessite l’emploi d’une force d’ascension plus considérable. Ce fait a été convenablement développé par Baumé.

3°. Le chapiteau n’est pas construit d’une manière plus avantageuse : la calotte se met presque à la température des vapeurs, qui, fortement dilatées, pressent sur le liquide et en gênent l’ascension.

4°. La manière d’administrer le feu n’est pas moins vicieuse que la forme de l’appareil : par-tout on a un cendrier trop étroit, un foyer très-large, une porte mal fermée, etc. ; de manière que le courant d’air s’établit par la porte et se précipite dans la cheminée, en passant par dessus les charbons. Il faut par conséquent un feu violent pour chauffer médiocrement une chaudière. On engorge la grille d’une couche épaisse et tassée de combustible, de façon qu’elle devient à peu près inutile par le manque absolu d’aspiration.

À présent que nous connoissons les vices de construction dans l’ap-