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pareil, voyons d’appliquer, pour la perfectionner, les connoissances que nous avons acquises sur la distillation et sur l’art de conduire le feu.

Il me paroît que tout l’art de la distillation se réduit aux trois principes suivans :

1o. Chauffer à-la-fois et également tous les points de la masse du liquide.

2o. Écarter tous les obstacles qui peuvent gêner l’ascension des vapeurs.

3o. En opérer la condensation la plus prompte.

Pour remplir la première de ces conditions, il faut d’abord que la masse liquide soit peu profonde ; ce qui exige déjà que le cul de la chaudière présente une très-grande surface pour que le feu s’applique à beaucoup de parties.

Le fond de la chaudière doit être légèrement bombé en dedans. Cette forme présente deux avantages : le premier, c’est que, par ce moyen, le combustible se trouve à une égale distance de tous les points, et que la chaleur est égale par-tout ; le second, c’est que, par cette construction, le fond de la chaudière présente plus de force, et que les matières qui peuvent se déposer dans le fond de la liqueur sont rejettées sur les angles qui reposent sur la maçonnerie, et, où, par conséquent, le dépôt est moins dangereux. Lorsque ces dépôts se forment dans les parties soumises immédiatement à l’action directe du feu, ils établissent une croûte qui empêche le liquide de mouiller le point de la chaudière qui en est recouvert, et alors le feu brûle le métal. Cet inconvénient n’est plus à craindre du moment que, par la forme bombée du fond de la chaudière, ce dépôt est rejetté sur les angles qui, reposant sur la maçonnerie, sont soustraits à l’action directe du feu.

Il faut faire circuler le feu autour de la chaudière au moyen d’une cheminée tournante ; alors toute la chaleur est mise à profit ; tout le liquide est enveloppé et également chauffé.

Pour que la colonne de vapeurs qui s’élève n’éprouve aucun obstacle dans son ascension, il faut que les parois de la chaudière montent perpendiculairement, et que les vapeurs soient maintenues dans le même degré d’expansion jusqu’à ce qu’elles soient parvenues au réfrigérant. Mais les vapeurs, librement élevées et condensées par leur contact contre les parois froides du chapiteau, retomberoient dans la chaudière de l’alambic, si ces parois, ne présentoient pas une inclinaison suffisante pour que les gouttes de liquide qui s’y appliquent coudent sur la parois pour se rendre dans la rigole qui les conduit dans le serpentin. J’ai calculé que cette inclinaison devoit être au moins de 75 degrés par rapport à l’horizon. Il est encore nécessaire que l’eau du réfrigérant soit souvent renouvelée, sans quoi elle prend bientôt la température de la vapeur et ne peut plus servir à la condenser.

Malgré que ces principes sur la distillation soient incontestables, il faut néanmoins y apporter quel-