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et à prendre de l’embonpoint, un ou deux mois. Les troupeaux de ces pays donnent de grands produits ; et dans les autres, les frais de garde et la mortalité absorbent presque tous les bénéfices ; dans les pays de grande culture enfin, les bêtes à laine fument douze à quinze arpens par cent ; et dans les autres pays, par le régime suivi, on ne fume pas, avec un égal nombre, plus de trois à quatre arpens.

Combien l’usage de parquer pendant la belle saison répare bientôt les vices de la tenue domestique, pendant l’hiver, en couchant à l’air libre ! Les bêtes à laine jouissent d’une bonne santé ; elles profitent sensiblement… L’obésité qui est cause de tant d’accidens, pour celles qui couchent dans les étables, ne sert au parc qu’à donner plus de moyens de résister aux intempéries ; et si l’ordre des spéculations ne les faisoit pas envoyer aux boucheries, avant l’âge même de leur adolescence, ainsi élevées, les bêtes à laine pourroient parcourir, en santé, toute la carrière que la nature leur a assignée.

Avant de finir ce qui concerne les bestiaux employés à l’agriculture, l’article verd me suggère une réflexion importante qui en résulte immédiatement ; c’est la question de savoir « s’il est plus économique de nourrir à l’écurie les bestiaux qu’on met au verd, que de les envoyer paître dans les pâturages ? » L’usage des pays à petite culture a décidé la négative pour l’éducation et la multiplication ; sur cette question, j’observerai qu’il ne s’agit point ici de bestiaux destinés à la reproduction, mais seulement de quelques exploitations, où on n’en élève pas, où, chaque année on vend ou on engraisse les animaux employés à la culture des terres ; car pour la santé des bestiaux, il n’y a pas de comparaison à faire entre l’une et l’autre méthode.

Il est certain, et d’après ma propre expérience faite à dessein, pour en rendre compte à l’ancienne société d’agriculture de Paris, que j’ai tenu, pendant cinq mois, à l’écurie, quatre bœufs nourris avec du trefle et luzerne, fauchés sur trois arpens ; ces quatre bœufs ont voituré plus de 1,200 toises de bois quarré, à deux lieues de mon domicile ; ils ont fait le labour de vingt arpens, et voituré les moissons d’un même nombre d’arpens ; ils se sont très-bien portés, et à l’entrée de l’hiver, je les ai engraissés et vendus deux mois et demi après. Pendant ce tems-lâ, six bœufs ont paturé un champ de dix arpens, et mangé tous les regains de neuf arpens de pré excellent. Telle est la note, prise dans le tems, sous le rapport de l’économie. Il ne peut donc y avoir de doutes ; mais je bornerai, aux bœufs seulement, ce régime ; je ne crois pas qu’il pût convenir à des chevaux, pour autant de tems. Les motifs et d’autres détails m’écarteroient trop de la question que je traite.

§. IV. Des animaux domestiques étrangers à l’agriculture.

Les effets et les usages de la domesticité sur ces animaux sont si