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plet d’agriculture, dans lequel se trouve l’article morsure, le célèbre physicien italien Fantana a publié les nombreuses expériences qu’il a faites sur le venin de la vipère.

Il nous paroît d’autant plus convenable de placer ici une notice succincte de son travail, qu’il est incontestablement prouvé par ses résultats que la morsure d’une vipère n’est point mortelle pour l’homme. Cet article est donc destiné, à rassurer les personnes que le hazard ou des circonstances particulières exposeroient à la dent de ce reptile ; et sous ce point de vue, on doit lui attribuer une sorte d’importance. Ces détails seront précédés des descriptions de la vipère et de la couleuvre, les deux espèces de serpens les plus communes dans notre climat. Par ce moyen, le lecteur sera à portée de connoître et de distinguer à des signes certains celui de ces deux reptiles qu’il auroit intérêt à ne pas confondre avec l’autre. Ces détails sont empruntés du continuateur de Buffon, Lacépède, non moins recommandable par l’exactitude de ses descriptions que par l’élégance de son style.


Description de la couleuvre commune.

Cet animal aussi doux qu’agréable à la vue, peut être aisément distingué de tous les autres serpens, et particulièrement des dangereuses vipères, par les belles couleurs dont il est revêtu. La distribution de ces diverses couleurs est assez constante, et pour commencer par celle de la tête, dont le dessus est un peu aplati, les yeux sont bordés d’écailles jaunes et presque couleur d’or, qui ajoutent à leur vivacité. Les mâchoires, dont le contour est arrondi, sont garnies de grandes écailles d’un jaune plus ou moins pâle, au nombre de dix-sept sur la mâchoire supérieure, et de vingt sur l’inférieure. Le dessus du corps, depuis le bout du museau jusqu’à l’extrémité de la queue, est noir ou d’une couleur verdâtre très-foncée, sur laquelle on voit s’étendre d’un bout à l’autre un grand nombre de raies composées de petites taches jaunâtres de diverses figures, les unes alongées, les autres à losanges, et un peu plus grandes vers les côtés que vers le milieu du dos. Le ventre est d’une couleur jaunâtre ; chacune des grandes plaques qui le couvrent présente un point noir à ses deux deux bouts, et y est bordée d’une très-petite ligne noire : ce qui produit de chaque côté du dessous du corps, une rangée très-symétrique de points et de petites lignes noirâtres, placées alternativement. Cette jolie couleuvre parvient ordinairement à la longueur d’un mètre et plus, et alors elle a un décimètre et quelques centimètres de circonférence dans l’endroit le plus gros du corps. On compte communément deux cent-six grandes plaques sous son ventre, et cent sept paires de petites plaques sous sa queue, dont la longueur est égale, le plus souvent, au quart de la longueur totale de l’animal. La couleuvre se tient presque toujours cachée ; elle cherche à fuir