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l’eau de végétation se combine avec la fécule ; crue, au contraire, l’excès et la qualité de l’humide s’opposent à la digestion, et tiennent trop les bestiaux dans un état de relâchement.

Il résulte de toutes ces observations, qu’on ne peut généraliser les préceptes et les ressources ; c’est aux cultivateurs à observer, à faire des expériences comparées ; c’est aussi au gouvernement à donner une meilleure impulsion à l’agriculture, et à la maintenir par le débit des productions de toutes espèces. R. Labergerie.


VERD (le). C’est ainsi que se nomme la nourriture fraîche, herbacée, qu’on donne, dans quelques circonstances, aux animaux tenus habituellement au régime sec ; tels que les chevaux, les mulets et assez rarement les ânes ; les bêtes à corne et les bêtes à laine n’y étant jamais soumises que lorsque la végétation est accidentellement interrompue, et les pâturages impraticables.

Donner le verd, mettre au verd, sont donc deux expressions synonimes qui signifient tenir à la nourriture fraîche, pendant un tems déterminé, et comme moyen médical, un animal ou des animaux soumis habituellement au régime sec.

Plan de cet article.
Chap. I. Utilité du verd en général.
Chap. II. Circonstances qui modifient cette utilité.
Chap. III. Époque la plus favorable pour mettre les animaux au verd.
Chap. IV. Du verd pris dans les pâturages, et du verd donné à l’écurie ; comparaison de ces deux méthodes.
Chap. V. Du choix des végétaux les plus propres à remplir l’objet qu’on se propose en donnant le verd.
Chap. VI. Précautions à prendre dans la récolte et dans la distribution du verd.
Chap. VII. Soins qu’exigent les animaux mis au verd.
Chap. VIII. Tems pendant lequel les animaux doivent rester au verd.
Chap. IX. Précautions à prendre dans le passage du régime verd au régime sec, et du repos au travail.

CHAPITRE Ier.

Utilité du verd en général.

Par-tout où la nature a placé des animaux, on ne peut douter qu’elle n’ait rassemblé autour d’eux tout ce qui pouvoit être nécessaire à leur subsistance. Si quelques faits particuliers semblent quelquefois s’élever contre ce principe, on peut assurer avec confiance qu’ils sont toujours dûs à des causes étrangères, et souvent même contraires aux vœux de la nature les plus énergiquement prononcés. Un de ces vœux a été sans doute que les animaux herbivores vécussent de végétaux frais : la répugnance qu’elle leur a donnée à tous pour les végétaux desséchés ne permet pas de méconnoître cette vérité. Il n’est aucune espèce dans l’état de nature, qui, avant de se déterminer à goûter des plantes desséchées, n’ait épuisé, non-seulement les herbes fraîches, mais encore les pousses et les écorces des arbustes et des arbres. Les besoins de l’homme l’ont mis dans la nécessité