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oiseaux domestiques très-précieux. Il est à désirer qu’on veuille bien, en particulier, s’occuper des moyens de transporter en Europe, le grand faisan-argus qui est le plus grand et le plus beau des oiseaux de cette famille, le pigeon couronné de Ceylan, le beau pigeon de Nicobar, et un grand nombre d’autres pigeons dont on voit seulement en Europe quelques individus languissans dans des volières.

Le résultat de ces courtes indications est que nous ne devons pas perdre de vue que l’homme est parvenu par degrés à dépouiller une multitude d’animaux de l’usage libre de la force ou de l’adresse que la nature leur avoit départies ; qu’il est parvenu à réunir dans ses foibles mains deux agens si puissans, et à faire servir les animaux même à l’emploi qu’il eu fait contre eux. Songeons que si l’homme individuel a pu supposer de siècle en siècle qu’il avoit atteint le terme de ses conquêtes dans ce genre, une succession non interrompue de nouveaux succès avertit l’espèce humaine que ce terme n’arrivera jamais. Les bienfaits immédiats dispensés par la nature paroissent innombrables par leur diversité ; cependant leur profusion s’accroît sans cesse par cette suite de rapprochemens et de combinaisons dont l’observation et l’intelligence nous rendent capables. Ne nous décourageons donc point. Les animaux qui ont reçu tant de moyens d’assurer leur indépendance et d’en jouir sans trouble, subiront tous, par succession de temps, le joug qu’imposera toujours l’être qui pense, à tout être qui n’a reçu de force et d’adresse que pour agir.

Lasteyrie


BEURRE. Procédé du beurre de la Prévalaye.

La méthode des beurrières de la Prévalaye ne consiste pas uniquement dans la manière de préparer le lait et d’apprêter le beurre, la bonté des pâturages ne suffit même pas pour lui donner ce parfum qui n’est connu qu’à Rennes, et qui est entièrement perdu pour les personnes qui ne le mangent qu’à Paris. Je crois que le gouvernement et le régime des vaches sont une partie très-essentielle. Ainsi je vais commencer par cet article, je ne ferai que décrire ce que j’ai vu pratiquer dans les campagnes mêmes de la Prévalaye.

Les vaches sont logées toute l’année dans des étables bien closes, et couchées sur de la litière de paille fraîche qui est renouvelée tous les soirs. Cette propreté est absolument nécessaire ; sans elle le lait et par conséquent le beurre contracteroient la mauvaise odeur et peut-être le mauvais goût des matières qui se seroient attachées à la peau de l’animal. C’est aussi dans la même vue qu’on les étrille tous les matins. Cette opération se fait avec un simple bouchon de paille. Il seroit à souhaiter qu’on se servît d’étrilles comme on le fait dans quelques autres provinces. Cette pratique auroit le double avantage, et de mieux nettoyer le poil, et de faciliter plus puissamment les transpirations d’un ani-