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minueront, des deux tiers, les frais de battage.

Cet avantage n’est pas le seul : on a de plus la facilité de serrer promptement sa récolte, et n’étant plus maîtrisé par la lenteur du travail, on saisira les circonstances les plus favorables pour la vente des grains. C’est sur-tout dans les années où l’on a éprouvé une disette qu’il sera avantageux débattre avec cette célérité.

La manière ordinaire de battre le blé est très-pénible, elle est aussi très-pernicieuse à la santé. La poussière qui s’échappe sans cesse de la paille, pénètre dans les poumons des batteurs, et leur occasionne des maladies de poitrine dont un grand nombre sont les victimes. Les sentimens d’humanité s’accordent ici avec ceux de l’intérêt, et doivent aussi porter les cultivateurs à changer la méthode générale.

Cependant cette machine ne présente d’avantages réels qu’à ceux qui, ayant une exploitation assez considérable, peuvent trouver dans cette manière de battre, un bénéfice, déduction faite des frais de construction. On peut évaluer la construction à 2 mille ou 2 mille 500 livres. Ainsi celui qui n’ensemenceroit annuellement que 30 à 40 arpens, n’y trouveroit aucun bénéfice, à moins qu’il ne perçût une rétribution de ses voisins en leur accordant l’usage de sa machine.

On construira la machine à battre dans une grange spacieuse. En réunissant dans le même local une grande quantité de gerbes, on facilitera le travail ; on évitera les embarras et les frais de transport.

Le moteur sera hors de la grange ; et si l’on emploie les bestiaux, on construira un manège adossé à la partie extérieure de la muraille : un hangar suffira à cet usage.

Les propriétaires qui auront un courant d’eau trouveront un grand avantage à se servir de ce moteur, puisqu’ils éviteront ainsi l’emploi de trois ou quatre chevaux, et les salaires de la personne qui doit les conduire.

On pourra construire la machine dans un moulin à blé ou dans toute autre moulin, si le local le permet, ainsi que je l’ai vu pratiquer en Suède.

Le premier étage du bâtiment dont je parle, étoit consacré à la mouture, et l’on battoit le blé au rez-de-chaussée. La même roue faisoit mouvoir à volonté et successivement les deux machines. Cette réunion est importante pour n’être point négligée toutes les fois que les localités le permettront.

On a essayé en Suède de faire aller cette machine par le moyen du vent, mais sans succès.

Le vent ne soufflant jamais régulièrement, et ayant des interruptions fréquentes, il ne peut lui communiquer un mouvement habituel, de sorte que les ouvriers sont souvent contraints d’abandonner le travail, ce qui entraîne une grande perte de temps, et augmente par conséquent la dépense.

Lorsqu’on fait aller ces machines par un manège, on y emploie deux